Un mois. La Fédération internationale de voile (World Sailing) dispose désormais de seulement quatre semaines pour tenter de sauver la course au large du programme des Jeux de Paris 2024. Sauver la discipline ou, scénario aujourd’hui le plus crédible, lui trouver une alternative.
Rappel des faits. En novembre 2018, l’assemblée générale de World Sailing a approuvé à une écrasante majorité (77 %) le choix des dix classes de bateaux à proposer au CIO pour les Jeux de Paris 2024. Dans la liste, parmi les nouveautés, l’entrée de la course au large, une épreuve mixte disputée sur trois jours.
En décembre dernier, la commission exécutive du CIO a validé 9 des 10 séries proposées par World Sailing. Mais elle en a laissé une sur le côté : la course au large. Elle a demandé plus de détails, notamment sur les coûts, la protection et la sécurité de la discipline.
La commission exécutive du CIO a repoussé sa décision finale au 8 juin 2021. Dans l’intervalle, World Sailing doit apporter ses réponses au plus tard le 26 mai. Et, en complément, proposer une solution alternative.
A en croire les premiers concernés, le vent soufflerait plutôt en sens contraire. « La course au large n’est pas officiellement refusée par la CIO, mais il apparaît clairement qu’il sera difficile d’aller de l’avant », a reconnu le Polonais Tomasz Chamera, l’un des vice-présidents de l’instance internationale, lors d’un récent point presse en visioconférence.
Même pessimisme chez le Français Yann Rocherieux, élu l’an passé à la vice-présidence de World Sailing. « C’est très mal engagé, a-t-il expliqué au Télégramme. Les informations que nous avons ne sont pas très optimistes. Le CIO nous a demandé, dans un courrier, de préparer une ou plusieurs alternatives. C’est la première fois qu’il ne suit pas totalement les recommandations de notre fédération. »
Le courrier cité par le dirigeant français est daté du 12 avril. Le CIO ne mentionne pas un rejet déjà acté de la course au large, mais suggère clairement que l’avenir olympique de la discipline ne tient plus qu’à un fil.
Le CIO rappelle ses réserves, déjà formulées après la réunion de sa commission exécutive en décembre 2020 : les risques pour la sécurité de la course, les coûts de production télévisée, la complexité de la couverture média d’une épreuve de trois jours disputée au large, et enfin l’absence d’un championnat de monde qualificatif.
Mais la vraie raison serait plus politique. En coulisses, un homme s’active depuis plusieurs mois pour influencer la décision de la commission exécutive du CIO. Le Singapourien Ng Ser Miang, un historique de l’instance olympique, milite pour le statu quo. Il aurait multiplié les appels à Thomas Bach pour écarter la course au large des Jeux de Paris 2024, au profit notamment de deux séries actuelles, la planche à voile RS : X et le Finn, rayées du programme par l’assemblée générale de World Sailing.
David Graham, le directeur général de World Sailing, l’a répété dernièrement : « La course au large reste notre premier choix pour Paris 2024, nous l’avons choisie de façon démocratique ». Mais l’instance internationale, présidée depuis l’an passé par le Chinois Li Quanha, ne peut pas permettre de camper trop fermement sur ses positions. Elle devra soumettre d’autres options, sous peine de risquer de perdre l’une de ses dix épreuves à médailles.
Une ou plusieurs alternatives seront discutées par World Sailing en comité exécutif, les 10 et 11 mai. Elle seront ensuite soumises le 14 mai au vote du Conseil.
Parmi les options déjà posées sur la table, le maintien du Finn tiendrait la corde. Série historique de la voile olympique, présente au Jeux de Tokyo, elle pourrait séduire le CIO, notamment par sa mixité.