Un nouvel obstacle se dresse sur la route des organisateurs des Jeux de Tokyo. Sans surprise, il est sanitaire. A 84 jours de la cérémonie d’ouverture, ce vendredi 30 avril, leurs efforts pour lutter contre la propagation du virus pourraient bien être perturbés par une absence de bras et de ressources.
Quelques jours seulement après l’annonce par le comité d’organisation de sa volonté de recruter 500 infirmières pour la période des Jeux olympiques, les critiques se sont multipliées sur les réseaux sociaux. Plusieurs infirmières japonaises ont exprimé sans nuance leur hostilité à un tel projet. Elles ont affirmé ne pas être des « pions jetables » qui peuvent être déplacés pour un événement « non essentiel ».
Toshiro Muto, le directeur général du comité d’organisation, avait pourtant mis les formes. Il avait expliqué qu’il serait important de « trouver une solution réaliste pour garantir la présence » d’environ 500 infirmières afin d’assurer la sûreté des Jeux de Tokyo.
Surtout, il avait précisé que les besoins de l’événement en personnel médical ne devraient en aucun cas conduire à « détériorer le niveau de service » au sein des communautés locales. « Nous allons devoir trouver un moyen de coexister », avait expliqué Toshiro Muto, suggérant que la solution pourrait passer par la « flexibilité des heures de travail et des équipes. »
Sur le fond, la demande des organisateurs des Jeux n’a rien de choquant. Accueillir plusieurs dizaines de milliers de visiteurs étrangers – athlètes, entraîneurs, médias, officiels, partenaires – présente des risques sanitaires réels et sérieux. Il est légitime que le comité d’organisation souhaite s’entourer d’un personnel médical important.
Mais l’annonce de Toshiro Muto intervient à un moment très délicat dans la crise sanitaire au Japon, avec un nombre de cas quotidiens en forte hausse, et un système de santé au bord de la rupture.
À Okinawa, par exemple, 77 infirmières de l’hôpital d’Urasoe ont démissionné au cours des douze derniers mois. Dans le même temps, seulement 35 nouvelles recrues ont été embauchées. L’Université de médecine des femmes de Tokyo aurait enregistré le départ d’au moins 400 infirmières et d’une centaine de médecins pendant la même période.
Réaction de la Fédération des travailleurs de santé d’Aichi : « Nous avons atteint nos limites absolues. Donnez-nous plus de moyens, pour augmenter nos effectifs et avoir du temps pour nous reposer. »
Autre menace de gros temps, en provenance de la ville d’Ichinomiya, dans la préfecture de Chiba. La commune japonaise abrite la plage de Tsurigasaki, site des épreuves de surf des Jeux de Tokyo. Selon la NHK, les autorités de la ville ont refusé de répondre favorablement à la demande du comité olympique brésilien de mettre en place un dispositif de tests contre le COVID-19.
La délégation brésilienne a prévu de loger son équipe de surfeurs à Ichinomiya avant et pendant les Jeux. Elle a réservé plusieurs chambres d’hôtel sur place.
Au début du mois d’avril, le comité olympique brésilien a demandé à la ville de mettre en place un système de dépistage du COVID-19 et de traitement des cas éventuels. Mais les autorités municipales ont répondu par la négative, expliquant qu’elles ne disposaient pas de structures médicales adaptées à un tel scénario.
En cause, les nouvelles règles sanitaires préparées par le comité d’organisation des Jeux de Tokyo. La deuxième version du « playbook » à destination des athlètes, publiée mercredi 28 avril, prévoit un durcissement des règles. Les tests anti-COVID-19, initialement effectués tous les quatre jours, seront désormais quotidiens, au moins pendant les 14 premiers jours de présence au Japon.
A Ichinomiya, comme dans plusieurs villes japonaises appelées à recevoir des délégations, avant ou pendant les Jeux, la contrainte serait devenue trop lourde. A moins de trois mois de l’ouverture, les autorités ne veulent pas s’engager à pouvoir garantir des tests de dépistage quotidiens.