Un nouveau dossier vient de s’installer en tête de la pile au comité d’organisation des Jeux de Tokyo. Il n’était pas prévu. Il s’annonce pourtant déterminant dans la réussite des Jeux.
A moins de trois mois de l’ouverture, les organisateurs ont un besoin urgent de personnel médical. Mais, sérieux problème, ils ne semblent pas prêts à mettre la main à la poche.
La polémique enfle au Japon depuis la révélation d’une lettre envoyée le mois dernier par le comité d’organisation à l’Association japonaise des infirmières. Dans le courrier, il demandait la mise à disposition d’au moins 500 infirmières pour la durée des Jeux de Tokyo.
Vertement critiqués sur les réseaux sociaux, malgré les précautions prises par Toshiro Muto, le directeur général de Tokyo 2020, pour assurer qu’il n’était pas question de fragiliser le système médical, les organisateurs se tournent maintenant vers une autre cible. Mais il n’est pas certain que leur démarche calme les esprits.
Selon le Mainichi Shimbun, le comité d’organisation a demandé à l’Association sportive japonaise (JSPO) de l’aider à recruter 200 médecins du sport pour lui prêter main-forte pendant la période des Jeux.
En soi, rien de très inattendu. Faute de pouvoir disposer d’un nombre suffisant d’infirmières, les organisateurs sollicitent une autre branche du secteur médical. Mais, précision de nature à relancer la polémique, ils n’ont pas prévu de rémunérer les médecins sollicités. Ils rejoindront les rangs des bénévoles.
Selon les directives de recrutement, les médecins auraient pour mission les soins d’urgence aux patients victimes de coups de chaleur, le traitement des malades et des blessés, mais aussi l’intervention auprès des personnes soupçonnées d’être infectées par le coronavirus. Ils seraient déployés sur l’ensemble du dispositif olympique, principalement dans les centres de soins installés sur les sites de compétition.
Le comité d’organisation recherche des médecins disponibles au moins trois ou cinq jours pendant la durée des Jeux de Tokyo. Ils devront effectuer des gardes d’environ neuf heures consécutives. Ils ne recevront aucune compensation financière, sinon la prise en charge de leurs frais de déplacement pour se rendre sur les sites. Les candidatures seront reçues jusqu’au 14 mai.
Selon plusieurs sources citées par les médias japonais, environ 10.000 professionnels de la santé devaient initialement participer aux Jeux de Tokyo. Au moins 300 médecins, et 400 infirmières, sont nécessaires quotidiennement sur les sites de compétition et au village des athlètes.
A 80 jours de l’ouverture, ce mardi 4 mai, le recrutement de ces indispensables professionnels de la santé devient non seulement un dossier brûlant pour le comité d’organisation, mais aussi un nouvel os à ronger pour les opposants aux Jeux.
Le secrétaire général de la Fédération japonaise des syndicats du personnel médical, Susumu Morita, en fait partie. « Il est grand temps d’en finir du projet d’envoyer nos infirmières comme volontaires olympiques, a-t-il expliqué à Associated Press. Leur première mission doit être de lutter contre la pandémie de coronavirus. Je suis de plus en plus agacé par cette insistance à poursuivre les Jeux olympiques malgré le risque pour la santé et la vie des patients et des infirmières. »
La révélation du Mainichi Shimbun sur la démarche du comité d’organisation pour recruter 200 médecins du sport à titre bénévole a relancé la polémique sur les réseaux sociaux. « Pourquoi ne paient-ils pas, alors que le secteur médical manque cruellement de personnel et d’argent ? », a interrogé un internaute japonais.