La résistance s’organise, au Japon, parmi les opposants à la tenue des Jeux de Tokyo. A moins de 80 jours de la cérémonie d’ouverture (J – 77 ce vendredi 7 mai), elle prend une dimension inédite. Elle se révèle désormais plus participative.
Une pétition en ligne a été lancée au Japon pour appeler à l’annulation de l’événement olympique et paralympique. Au cours des premières 24 heures après sa mise en ligne, elle a rassemblé environ 50.000 signatures. Elle a en rapidement totalisé près de 200 000.
La campagne de mobilisation, intitulée « Stop Tokyo Olympics », affichait plus de 187.000 signatures deux jours seulement après son lancement. Elle se rapproche à belle allure de son objectif, établi par ses instigateurs à 200.000 signataires.
Aux manettes de la mobilisation, un avocat connu au Japon pour avoir tenté à plusieurs reprises, mais sans succès, d’être élu gouverneur de Tokyo. Kenji Utsunomiya l’explique sur son site Internet : « Nous appelons fermement à la prévention de la propagation du coronavirus et à la protection des vies et des moyens de subsistance, en utilisant les ressources disponibles pour arrêter les Jeux olympiques. »
A moins de trois mois de l’échéance, l’initiative de l’avocat japonais n’inversera pas le cours de l’histoire. A Tokyo comme à Lausanne, le discours officiel se veut toujours aussi serein. Les Jeux auront lieu, ils seront sûrs, ils apporteront une lueur au bout du tunnel, répète-t-on au CIO comme au comité d’organisation.
Mais l’initiative de Kenji Utsunomiya renforce encore le sentiment de défiance exprimé depuis plusieurs mois par les nombreux sondages menés au Japon, qu’ils aient interrogé la population, ou plus récemment les gouverneurs des préfectures. L’avocat japonais l’explique : « La politique du gouvernement est aujourd’hui focalisée sur la tenue des Jeux olympiques, au détriment des mesures visant à enrayer la pandémie de coronavirus. Dans les hôpitaux, le personnel est à bout de souffle et les lits manquent. Certains malades meurent chez eux. »
Sans grande surprise, la pétition surfe sur la vague de mécontentement soulevée dernièrement par la demande des organisateurs des Jeux de pouvoir disposer de 500 infirmières sur les sites olympiques. Elle a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux.
« Le Japon va devoir mobiliser un grand nombre de professionnels de la santé, mais aussi des ressources précieuses comme des installations et des équipements médicaux », insiste la pétition, suggérant que les moyens consacrés à la réussite de l’événement seraient mieux utilisés pour le combat contre la propagation du virus.
La vaccination s’accélère, au sein du mouvement olympique. Un nombre grandissant de pays, dont la France, l’Australie, le Canada, la Corée du Sud ou l’Italie, ont mis en place une campagne visant à vacciner les athlètes et les membres de la délégation olympique avant le voyage au Japon. A Lausanne, le CIO a annoncé jeudi 6 mai la signature d’un accord avec les laboratoires Pfizer et BioNTech pour accélérer le processus.
Mais la pétition en ligne de Kenji Utsunomiya le relève : la situation sanitaire reste inquiétante au Japon. L’état d’urgence doit être prolongé dans plusieurs préfectures, dont Tokyo, jusqu’au 31 mai. Quant au taux de vaccination, il reste très faible, seulement 3 % de la population.