Sale temps pour l’olympisme. A Tokyo, la nouvelle vague de la pandémie de COVID-19 menace la tenue des Jeux d’été. A Pékin, le spectre d’un boycott des Jeux d’hiver 2022 est agité sans lassitude par les organisations de défense des droits de l’homme. Depuis mardi 18 mai, il est également brandi par l’une des personnalités les plus influentes de la politique américaine
Nancy Pelosi (photo ci-dessus), la présidente de la Chambre des représentants, a appelé publiquement à un boycott « diplomatique » des Jeux d’hiver de Pékin 2022. Elle l’a fait sans retenir ses mots, lors d’une audition vidéo conjointe de la Commission des droits de l’homme et de la Commission exécutive du Congrès sur la Chine.
« On ne peut pas faire comme si tout allait bien face à l’organisation des Jeux olympiques en Chine, a expliqué la dirigeante démocrate, troisième personnage de l’Etat après Joe Biden, le président américain, et Kamala Harris, la vice-présidente. Malheureusement, nous sommes ici parce que la Chine continue à écraser les dissidences politiques. »
Jusque-là, rien de nouveau. Mais Nancy Pelosi a suivi son constat d’une menace claire : un boycott des prochains Jeux d’hiver, prévus du 4 au 20 février 2022. « Faisons un boycott diplomatique si les Jeux olympiques sont organisés, a-t-elle suggéré. Ne faisons pas l’honneur au gouvernement chinois de recevoir des chefs d’Etat. Le silence est inexcusable. »
Un boycott diplomatique, donc. L’idée n’est pas nouvelle, elle avait été évoquée au plus fort des manifestations d’opposants avant les Jeux d’été de Pékin en 2008. Mais elle n’avait jamais été concrétisée.
Nancy Pelosi l’a expliqué : une telle initiative aurait le mérite d’isoler le régime de Pékin, mais sans pénaliser les athlètes. Selon la présidente de la Chambre des représentants, les chefs d’Etat et de gouvernement devraient se tenir à l’écart des Jeux d’hiver 2022 en raison « d’un génocide qui se poursuit pendant que vous êtes assis dans vos fauteuils. »
« Quelle autorité morale aurez-vous pour parler des droits humains partout dans le monde ? », a interrogé Nancy Pelosi à la perspective de voir des dirigeants mondiaux se rendre en février prochain à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin.
L’intervention de la Californienne intervient à un moment d’intense activité parmi les opposants à la politique de la Chine en matière des droits humains. Plusieurs organisations non gouvernementales, représentant notamment la minorité ouïgoure persécutée par le régime chinois, ont appelé en début de semaine les athlètes du monde entier à se joindre au débat. Ils les ont invités à s’exprimer et utiliser leur influence pour faire pression sur le CIO.
La. semaine passée, le coprésident de la Commission des droits de l’homme de la Chambre des représentants, le républicain Chris Smith, a appelé le « CIO et toutes les parties prenantes, y compris les États-Unis, à trouver une nouvelle ville hôte – ou à boycotter » les Jeux de Pékin 2022.
« En accordant à Pékin le statut d’hôte des Jeux olympiques, nous couronnons de lauriers un régime barbare alors que nous devrions condamner ses abus et son génocide », a expliqué l’élu du New Jersey. La pression s’accentue. Mais le CIO ne bouge pas.