La date aurait dû être enveloppée d’impatience et d’excitation. Le compte-à-rebours affiche exactement 50 jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux de Tokyo, ce jeudi 3 juin. Cinquante jours. La dernière ligne droite. Mais, mauvais hasard du calendrier, elle s’accompagne au Japon d’une cruelle succession de renoncements et d’annulations.
La fuite la plus massive concerne les volontaires. Le comité d’organisation des Jeux l’a reconnu face aux médias : 10.000 bénévoles environ, au dernier pointage, se sont retirés au cours des derniers mois. L’exode a débuté en février, après la polémique née des propos sexistes de l’ancien président du comité d’organisation, Yoshiro Mori. Depuis, il s’est poursuivi à un rythme régulier.
A en croire Toshiro Muto, le directeur général du comité d’organisation, les partants évoquent la crise sanitaire et les risques d’infections liés à l’arrivée de plusieurs dizaines de milliers de visiteurs venus du monde entier, mais aussi des contraintes d’emploi du temps, professionnel ou personnel.
Le chiffre n’est pas anodin. Dix mille défections en quelques mois n’a rien d’anecdotique pour un événement olympique. Mais Toshiro Muto l’a expliqué avec calme : les effets de cette vague de renoncements pourraient s’avérer très peu visibles. Le comité d’organisation avait vu large, en recrutant 80.000 volontaires. Certains d’entre eux pourront officier à la fois aux Jeux olympiques et paralympiques, suggère le directeur général des Jeux. Surtout, l’absence de spectateurs étrangers réduit considérablement les besoins en termes de volontaires.
Plus gênant : la chaîne de télévision japonaise NHK révèle avoir appris le renoncement de nombreux médecins censés travailler pendant les Jeux sur les sites de compétition. Ils auraient cité, pour justifier leur décision, l’impossibilité de concilier leur présence sur les sites et leurs obligations professionnelles.
Recruter du personnel médical s’est avéré un sérieux casse-tête pour les organisateurs des Jeux depuis le début de la crise sanitaire. L’affaire a même tourné à la polémique lorsque Toshiro Muto a annoncé sa volonté de mobiliser 500 infirmières pendant l’événement.
Depuis, les organisateurs ont annoncé avoir sécurisé environ 80 % des besoins en personnel médical. Mais ce pourcentage pourrait décliner si les défections se poursuivent parmi les médecins bénévoles.
La vague de renoncements ne touche pas seulement l’organisation des Jeux dans la capitale. Elle affecte également la préparation des équipes. Au dernier décompte, plus d’une centaine de municipalités à travers le Japon ont dû annuler les camps d’entraînement des délégations étrangères avant le début des Jeux. Dans la majorité des cas, l’annulation a été décidée par les équipes. Mais la décision a parfois été prise par les autorités locales.
Le comité olympique kenyan a annoncé, mercredi 2 juin, que la ville de Kurume, dans la préfecture de Fukuoka, l’avait informé en début de semaine de son incapacité à recevoir ses athlètes avant leur arrivée au village olympique. Raison invoquée : une situation sanitaire « extrêmement sérieuse, devenue critique depuis la mi-avril. »
Les autorités municipales ont expliqué au comité olympique kenyan que les installations sportives qui devaient être mises à la disposition des athlètes ont été transformées en centres de vaccination. L’équipe du Kenya devait se préparer 12 jours à Kurume, à partir du 7 juillet.
Ailleurs, le renoncement a été décidé par les délégations étrangères. L’équipe américaine d’athlétisme a annulé son camp d’entraînement à Narita. La Fédération canadienne de natation a annoncé à la municipalité de Toyota, siège mondial du constructeur automobile, que ses nageurs ne viendraient plus au mois de juillet.
A Kamo, une ville de 25.000 habitants située au nord-ouest du Japon, les autorités avaient dépensé plus de 600.000 dollars en matériel et rénovation d’un gymnase, pour recevoir l’équipe russe de gymnastique au grand complet, soit 42 athlètes et membres de l’encadrement. Mais leur camp d’entraînement a été annulé pour raisons sanitaires.
L’équipe de France de tennis de table, en revanche, a maintenu son séjour à Kofu, dans la préfecture de Yamanashi. Les pongistes doivent arriver au Japon le 12 juillet. lls se prépareront à Kofu avant leur départ le 20 juillet pour le village des athlètes. Mais le programme d’échanges culturel et protocolaire initialement prévu, dont une réception à la mairie et une visite du vignoble, a été annulé.