L’annonce était attendue. A moins de 50 jours de l’ouverture, elle est directement liée aux Jeux de Tokyo, mais n’évoque ni la crise sanitaire ni la vaccination. Preuve que le vent tourne, elle concerne les athlètes.
Au premier jour de sa dernière réunion avant de préparer les bagages pour le Japon, la commission exécutive du CIO a dévoilé la composition de l’équipe de réfugiés pour les Jeux olympiques de Tokyo. Cinq ans après sa première participation, aux Jeux de Rio 2016, sa présence était acquise. Mais ses dimensions l’étaient moins.
L’équipe sélectionnée par le CIO comptera 29 athlètes – dix-neuf hommes et dix femmes – issus de 12 sports. Ils ont été choisis parmi un groupe de 56 athlètes qui ont fui leur pays d’origine et obtenu des bourses de la Solidarité olympique. Ils sont actuellement hébergés dans 14 pays différents, dont le Kenya, la France, l’Allemagne, Israël, les Pays-Bas, le Portugal, le Canada, la Suisse et la Russie.
Aux Jeux de Rio, la délégation des réfugiés conduite par la Kenyane Tegla Loroupe comptait 10 athlètes. En cinq ans, ses effectifs ont donc presque triplé. Les sélectionnés pour les Jeux de Tokyo sont originaires d’Afghanistan, du Cameroun, du Congo, de la République du Congo, d’Érythrée, d’Iran, d’Irak, du Soudan du Sud, du Soudan, de Syrie et du Venezuela.
Six des athlètes présents aux Jeux de Rio dans la première équipe de réfugiés seront encore du voyage pour Tokyo : la nageuse Yusra Mardini, le judoka Popole Misenga, les coureurs Anjelina Nadai Lohalith (1.500 m), James Nyang Chiengjiek (800 m), Paulo Amotun Lokoro (1.500 m) et Rose Nathike Likonyen (800 m).
Les 29 sélectionnés seront engagés en natation, athlétisme, badminton, boxe, canoë-kayak, cyclisme, judo, karaté, tir, taekwondo, haltérophilie et lutte.
Avec un tel effectif, l’équipe des réfugiés ne passera pas inaperçue. Tout en restant très loin des délégations les plus massives (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Chine, Australie…), sa taille la placera parmi un lot fourni de pays à la représentation moyenne. Aux Jeux de Rio, l’Indonésie avait envoyé 28 athlètes, l’Ethiopie 34.
Comme en 2016, le rôle de chef de mission a été confié à Tegla Loroupe, l’ex détentrice du record du monde du marathon. Stephen Pattison du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et Olivier Niamkey du CIO officieront en tant que chefs de mission adjoints. La délégation sera renforcée par une équipe de 20 entraîneurs et 15 officiels. Les frais de voyage et les dépenses de participation seront assurés par la Solidarité olympique.
Une fois n’est pas coutume, le CIO a fait le choix du français, langue officielle du mouvement olympique, pour baptiser la délégation. Ses athlètes seront regroupés sous l’appellation d’Equipe olympique des réfugiés (EOR). Ils défileront sous le drapeau olympique.
Ils se retrouveront pour la première fois au grand complet, et en présentiel, les 12 et 13 juillet à l’Académie Aspire de Doha, au Qatar. Au programme, une « cérémonie d’accueil » et la distribution des tenues des Jeux. La délégation s’envolera pour le Japon le 14 juillet. Elle prendra ses quartiers à l’Université Waseda, qui mettra à sa disposition des logements et des installations d’entraînement, les athlètes n’emménageant au village olympique que pour la durée de leurs compétitions respectives.
« Vous faites partie intégrante de notre communauté olympique, et nous vous accueillons à bras ouverts« , a suggéré Thomas Bach, le président du CIO, au moment de l’annonce de la sélection, mardi 8 juin. Le dirigeant allemand a ajouté que les réfugiés allaient « envoyer un puissant message de solidarité, de résilience et d’espoir au monde entier. » En pleine crise sanitaire, ils ne seront pas les seuls.