Thomas Bach peut se frotter les mains : il quittera la présidence du CIO, en 2025, en laissant la maison en parfait état de marche. L’instance olympique n’aura plus à connaître l’angoisse de manquer de candidats à l’organisation des Jeux. Au moins pour l’été.
Le dirigeant allemand l’a annoncé jeudi 10 juin, au terme de la dernière journée de la réunion de la commission exécutive : la ville de Brisbane sera proposée à la 138ème session du CIO, réunie les 20 et 21 juillet à Tokyo, pour l’accueil des Jeux en 2032. Brisbane et rien d’autre. L’affaire est pliée, donc, même s’il faudra attendre l’approbation formelle des membres de l’instance pour l’écrire en toutes lettres.
Après Paris 2024 et Los Angeles 2028, le CIO cochera une nouvelle case. Il établira également une nouvelle marque de référence en attribuant une édition des Jeux 11 ans et quelques semaines avant l’événement.
Soyons clairs : la décision de la commission exécutive du CIO n’a surpris personne. L’Australie a toujours fait la course en tête.
Le CIO le rappelle dans un communiqué : la capitale de l’état du Queensland était « incontestablement très avancée dans ses préparatifs » dès le mois de janvier 2021, et elle « offrait une chance à saisir en cette période des plus incertaines ».
Une étude de faisabilité menée alors par le CIO avait confirmé que Brisbane 2032 remplissait tous les critères. Le 24 février, la commission exécutive a annoncé sa décision d’entamer un dialogue ciblé avec Brisbane et avec personne d’autre. Une décision approuvée par les membres de l’instance lors de la 137ème session, tenue au mois de mars dernier en mode virtuel.
Dès lors, les autres postulants ont compris que leurs illusions venaient de prendre l’eau. Certes, les Allemands du projet Rhin-Ruhr se sont fait entendre pour dénoncer le processus et ses règles pour le moins obscures. Les Coréens, en lice avec une hypothétique candidature du Sud et du Nord, ont refusé de baisser les bras, annonçant qu’ils poursuivaient leur effort. L’Indonésie a également assuré qu’elle ferait campagne pendant les Jeux de Tokyo.
Mais la messe était dite. Les autres candidats – Hongrie, Qatar, Inde – ont rendu les armes sans trop oser exprimer leur amertume.
« Il appartient maintenant aux membres du CIO de voter le 21 juillet« , a résumé Thomas Bach, jeudi 10 juin, en conférence de presse. Sauf séisme, ils le feront avec sagesse et discipline. Brisbane deviendra en 2032 la troisième ville australienne à accueillir les Jeux, après Melbourne en 1956 et Sydney en 2000.
Sur le fond, le choix du Queensland souffre peu la contestation. Le projet olympique bénéficie d’un fort soutien populaire, il a rallié l’ensemble des autorités politiques, son concept est solide (84 % de sites existants et temporaires), le climat favorable, l’ambiance assurée.
En prime, une étude menée par Brisbane 2032 sur les avantages que pourrait présenter l’accueil des Jeux indique que l’événement rapporterait la valeur de 6,1 milliards de dollars à l’état du Queensland et 13,4 milliards de dollars à l’Australie.
Sur la forme, la copie semble moins parfaite. Les nouvelles règles du jeu, avec un dialogue en plusieurs temps avec les postulants, ont pu sembler obscures. Le calendrier du processus de sélection n’a jamais été clairement défini. Surtout, la réforme du mode de désignation des futures villes-hôtes a été pilotée par John Coates, le premier et plus influent défenseur de la candidature de Brisbane et du Queensland.
Avec les Jeux en 2032, le CIO avait l’opportunité d’ouvrir la carte des sites olympiques à des pays jusque-là ignorés, comme la Hongrie, l’Inde ou l’Indonésie. Il a préféré rester en terrain connu. Le choix de la sécurité, diront certains. La preuve de son conservatisme, avanceront les autres.
« L’avenir des Jeux est prometteur », a suggéré Thomas Bach jeudi 10 juin en conférence de presse. Le président du CIO a également assuré que le dialogue allait se poursuivre avec un « pool de parties intéressées » pour accueillir les Jeux olympiques en 2036 ou 2040. Les échéances semblent lointaines. Trop, sans doute, pour certain des déçus de l’édition 2032.