Un double compte-à-rebours s’affiche au Japon à moins de deux mois des Jeux de Tokyo. Le premier chiffre est connu de tous : le nombre de jours avant la cérémonie d’ouverture. Il est descendu d’une nouvelle dizaine, ce lundi matin, pour marquer J – 39 avant les trois coups.
Le deuxième reste plus incertain. Il concerne la date de la dernière décision d’importance concernant le déroulement des Jeux : la présence du public sur les sites de compétition. Elle ne devrait pas être connue avant le 20 juin, au plus tôt, à la fin de l’état d’urgence dans la capitale japonaise.
Patience, donc. Mais le comité d’organisation n’a pas attendu la décision pour faire ses calculs. Selon l’un de ses responsables, Hidemasa Nakamura, les billets ont été vendus pour 42 % de la capacité des sites olympiques. Les Jeux de Tokyo pourraient ainsi accueillir jusqu’à 225.000 spectateurs par jour dans l’éventualité où tous les détenteurs de places soient présents.
A en croire Hidemasa Nakamura, le risque de voir les Jeux provoquer une nouvelle vague de la pandémie serait finalement très réduit, car le nombre de spectateurs susceptibles d’assister aux épreuves est en réalité inférieur à celui des Japonais qui se rendent tous les jours à Tokyo pour travailler. En clair, les Jeux de Tokyo ne donneront pas naissance au phénomène de foule habituellement observé lors d’un rendez-vous olympique.
Mieux : 70 % des billets pour les épreuves organisées à Tokyo et dans les préfectures voisines de Chiba, Saitama et Kanagawa ont été vendus à des habitants de ces mêmes zones urbaines. Les déplacements des spectateurs vers les sites seront donc majoritairement locaux. Les visiteurs venus du reste du Japon seront minoritaires. Une donnée qui pourrait inciter les organisateurs et les autorités à envisager une jauge de spectateurs plus élevée.
Il n’empêche, la crainte d’une nouvelle flambée de la crise sanitaire est prise très au sérieux par les responsables des établissements scolaires. Selon Kyodo News, le programme mis en place par les organisateurs pour faciliter l’accès des épreuves olympiques aux écoliers japonais est en train de prendre l’eau.
À Nakai, dans la préfecture de Kanagawa, 320 élèves d’écoles primaires et de collèges devaient assister à des matchs de football et de baseball à Yokohama. Mais les autorités locales ont annulé le voyage, à la demande des directeurs des établissements. « Nous avions prévu de nous déplacer en train, mais le risque d’infection est élevé », a expliqué Tetsuya Takahashi, l’un des responsables municipaux en charge de l’éducation.
A Kawagoe, dans la préfecture de Saitama, site du tournoi olympique de golf, 5.558 billets avaient été initialement achetés, pour l’essentiel pour le golf et le football. Après avoir consulté les écoles de la ville, le nombre de places a été presque divisé par deux.
A l’été 2019, les autorités de Tokyo avaient prévu que 900.000 élèves d’écoles publiques et privées pourraient assister aux Jeux dans le cadre d’un programme national de places à tarif réduit. Il en coûtait 2020 yens, soit environ 15 euros, pour les élèves des écoles et certaines catégories de personnel des services métropolitains. A moins de 40 jours de la cérémonie d’ouverture, l’initiative a du plomb dans l’aile.
« Nous comprenons que les gens soient préoccupés par la situation sanitaire, a expliqué un responsable du gouvernement de Tokyo, cité par Kyodo News. Nous sommes prêts à annuler le programme si nous estimons que la sûreté et la sécurité ne peuvent pas être assurées. Nous prendrons alors des dispositions pour que les annulations soient acceptées jusqu’au jour même des épreuves. »