Mark Adams, le porte-parole du CIO, l’avait assuré face au médias mardi 20 juillet, au soir de la première journée de la session de l’instance olympique : la désignation de Brisbane comme ville-hôte des Jeux d’été en 2032 n’était pas encore acquise. « Ce n’est pas une affaire conclue« , avait-t-il glissé sans un hoquet. Personne ne l’avait cru.
Moins de vingt-quatre heures plus tard, un vote des membres du CIO réunis à l’hôtel Okura de Tokyo a fini de lever la dernière pincée d’incertitude. Brisbane a été désignée sans la moindre surprise pour recevoir les Jeux d’été en 2032, quatre ans après Los Angeles et huit après Paris.
La session du CIO n’a pas fait les choses à moitié. La capitale du Queensland a obtenu 72 voix sur les 80 suffrages possibles. Seuls cinq membres présents ont exprimé leur refus d’un choix décidé à leur place, plusieurs mois plus tôt, par la commission exécutive. Trois autres se sont abstenus.
Malgré l’absence totale de suspense et de compétition, Thomas Bach a respecté les formes. Le président du CIO a sorti de l’enveloppe un carton blanc marqué des mots Brisbane 2032. Puis il a annoncé : « Le Comité international olympique a l’honneur d’annoncer que les Jeux de la 35ème olympiade sont attribués à Brisbane, en Australie. »
Avec cette décision, le CIO s’assure plus d’une décennie de présumée sécurité, avec Paris 2024, Los Angeles 2028 et Brisbane 2032. L’Australie, de son côté, s’offre l’événement olympique pour la troisième fois de son histoire, après Melbourne en 1956 et Sydney en 2000.
Adrian Schrinner, le maire de Brisbane, l’a promis moins de deux heures après la désignation, en conférence de presse : « Nous allons proposer au monde un nouveau modèle de Jeux olympiques, en diminuant les coûts mais en décuplant les bénéfices. »
Thomas Bach ne dira pas le contraire. Invité à commenter le choix de l’Australie, le président du CIO a suggéré que le projet australien s’inscrivait dans la logique du plan de réforme de l’instance olympique. « L’héritage des Jeux de Brisbane est déjà acquis avant même l’événement, a-t-il expliqué. Les équipements sont d’une qualité exceptionnelle et l’enthousiasme de la population n’est plus à démontrer. »
Dans le détail, le projet en question ne propose aucune révolution. Mais il respecte à la lettre les nouvelles directives du CIO : des sites existants, un budget au cordeau (4,5 milliards de dollars), un consensus politique de tous les étages de la pyramide (ville, état et gouvernement fédéral).
Le dossier de candidature du Queensland prévoyait un dispositif organisé autour de trois pôles majeurs : la ville de Brisbane, la Gold Coast à 65 km au sud-est, et la Sunshine Coast à 85 km au nord. Le financement des Jeux sera privé. Les installations seront, pour l’essentiel, héritées des Jeux du Commonwealth 2018 organisés sur la Gold Coast. Solide et sans faille apparente.
Mais tout peut arriver à 11 ans de l’événement. Avec plus d’une décennie devant eux pour préparer leur affaire, les Australiens disposent d’un temps historiquement long pour rester dans les clous… ou s’en écarter à jamais.
Les Jeux de Brisbane s’ouvriront le 23 juillet 2032, pendant l’hiver dans l’hémisphère sud. Mais l’hiver, dans le Queensland, affiche le plus souvent un climat et des températures très semblables à l’été dans une grande partie du monde.
En attribuant dès maintenant les Jeux d’été jusqu’en 2032, le CIO se protège des désagréments de référendums hostiles à une candidature ou de campagne d’opposition à l’événement olympique. Thomas Bach s’en frotte les mains, même s’il devra rendre en 2025 les clefs de son bureau présidentiel.
« Cette nouvelle approche du processus de sélection des villes-hôtes est plus légère, plus collaborative et plus compacte, a-t-il suggéré. Nous disposons désormais d’un nombre important de parties intéressées pour les Jeux de 2036, et même pour les Jeux en 2040, c’est-à-dire dans presque 20 ans. Je ne me souviens pas que nous ayons jamais été dans une position aussi favorable vingt ans avant des Jeux olympiques. Nous abordons Tokyo 2020 avec une confiance totale dans l’avenir du mouvement olympique. » Le CIO ne connaitrait donc pas la crise. Très fort.