Retard à l’allumage. Dans le monde d’avant, les Jeux de Tokyo auraient dû donner le signal du départ, pour les collectivités françaises, de la course à l’accueil des équipes et délégations étrangères avant les Jeux de Paris 2024.
Mais la crise sanitaire a brouillé les cartes. Elle a raccourci l’olympiade d’une année. Certes, le catalogue des potentiels Centres de préparation aux Jeux (CPJ) a été bouclé par le COJO. Il recense 415 territoires et 620 bases arrière (750 collectivités avaient fait acte de candidature). L’offre est désormais accessible. Mais les candidats sont privés de l’opportunité de rencontrer, à l’occasion des Jeux de Tokyo, les représentants des comités nationaux olympiques du monde entier.
Le timing est décalé. Mais qu’en est-il des stratégies ? FrancsJeux a interrogé un expert, Jérémy Botton, le directeur général de l’agence Spartner.
FrancsJeux : Le report d’une année des Jeux de Tokyo et l’interdiction d’entrée au Japon des étrangers non accrédités ont-ils bouleversé la stratégie des villes et territoires candidats pour être CPJ aux Jeux de Paris 2024 ?
Jérémy Botton : En partie, oui. L’olympiade a été raccourcie d’une année. Les Jeux de Tokyo auraient dû être l’occasion pour les candidats de se présenter, rencontrer les DTN ou les représentants des comités nationaux étrangers, tenter de convaincre. Mais cette stratégie d’approche n’est plus possible en raison des restrictions imposées par les Japonais. Les stratégies sont bouleversées. Les Jeux de Tokyo ont été tellement particuliers, dans leur préparation, que toute l’attention des pays étrangers a été focalisée sur cet événement, à un moment où ils auraient déjà dû préparer les Jeux de Paris 2024.
Les collectivités candidates doivent-elles revoir leur copie ?
Elles doivent surtout se poser les bonnes questions : quelle est notre positionnement, que voulons nous faire, comment adapter notre offre à nos ambitions et nos équipements. Une candidature pour être CPJ doit s’inscrire dans le projet du territoire. Elle doit avoir du sens. Surtout, elle doit tenir compte de la notion d’héritage. Une équipe étrangère qui vient s’entraîner quelque part, puis s’en va sans rien laisser derrière elle, n’apporte rien à une ville ou une agglomération. Sa présence doit s’accompagner d’un projet travaillé et réfléchi. Pour un territoire, réussir les Jeux de Paris 2024 ne passe pas forcément par être choisi comme CPJ. Il existe un tas d’autres moyens de participer à l’aventure.
Le catalogue proposé par Paris 2024 recense 415 territoires. La concurrence s’annonce sévère…
Elle le sera. Pour les Jeux de Londres, les deux tiers des candidats à l’accueil d’équipes ou délégations étrangères n’ont rien eu du tout. Avec une telle offre, il est important pour les collectivités de cibler leur projet et de se faire accompagner pour atteindre leur objectif.
La crise sanitaire a-t-elle découragé certains candidats ?
Non. Les Jeux olympiques restent très attractifs et la mobilisation ne se dément pas. Mais les territoires ont décalé leurs priorités. Paris 2024 a été mis au second plan, mais les collectivités se réveillent. Beaucoup de choses vont se passer, dans cette campagne pour être CPJ, au deuxième semestre 2021 et pendant toute l’année 2022.
L’expérience des Jeux de Tokyo ne risque-t-elle pas de décourager certains pays ou fédérations sportives de venir se préparer en France avant les Jeux de Paris 2024 ?
Je ne crois pas. Nous sommes convaincus que les athlètes et les équipes devront venir se préparer en France, dès les années 2022 et 2023.
Les collectivités ont-elles toujours autant envie de faire partie de l’aventure des Jeux de Paris 2024 ?
Oui. L’impatience est toujours la même, tout juste a-t-elle été retardée d’une année. La fenêtre de tir est plus étroite, mais le COJO Paris 2024 accomplit un beau boulot pour mobiliser et engager l’ensemble du territoire. L’envie est toujours aussi forte. Et elle va encore s’amplifier.