Enfin. Avec 364 jours de retard sur l’horaire annoncé, les Jeux de Tokyo ont débuté vendredi 23 juillet au stade olympique. Reporté puis menacé d’annulation, contesté et confiné, l’événement olympique a tenu bon jusqu’au bout. Les Japonais s’y sont accrochés sans céder à la pression du monde scientifique, des médias internationaux et d’une opinion publique nationale réticente, puis franchement hostile.
L’histoire dira plus tard, peut-être, si ces Jeux de la 32ème olympiade ont apporté la « lumière au bout du tunnel » promise par Thomas Bach, le président du CIO, depuis l’an passé. Au vu des derniers chiffres enregistrés dans la capitale japonaise – 1.359 cas de COVID-19 pour la journée de vendredi, 1.979 la veille -, le doute est permis et le chemin reste long.
Mais la cérémonie d’ouverture, organisée dans un stade rempli par un millier d’officiels et d’invités, plus une solide colonie de 3.000 journalistes et diffuseurs, a démontré qu’il était possible de rassembler des athlètes venus de plus de 200 pays sans provoquer un séisme sanitaire. Pour cette raison, au moins, les Jeux de Tokyo méritent d’entrer dans l’histoire.
Avec un stade quasi vide, sinon quelques bouts de tribune, la cérémonie d’ouverture s’annonçait comme un triste passage obligé. Elle aurait pu tourner au désastre. Mais les Japonais, et plus encore les athlètes, en ont fait ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une soirée sympa, bon enfant et conviviale. Le faste et la grandiloquence sont restés à la porte. L’émotion a pointé son nez quand il le fallait, ni trop ni trop peu. La musique, poussée un cran plus haut que la normale, a rapidement fait oublier le silence des travées.
Le défilé des délégations, étiré pendant plus de deux heures malgré des délégations aux effectifs parfois faméliques, a offert des scènes qui semblaient encore inimaginables quelques jours en arrière. Une équipe du Kirghizistan ayant laissé ses masques on ne sait où. Des athlètes envoyant valser sans l’ombre d’un scrupule les règles de distanciation sociale. Une joyeuse pagaille. Une ambiance de fête. Les auteurs des manuels à l’usage des accrédités, ces désormais fameux « playbooks » à apprendre par coeur sous peine de risquer l’exclusion, ont dû s’en étrangler d’effroi.
« Finalement, nous sommes là tous ensemble », a insisté Thomas Bach dans son discours, prononcé sur une simple estrade de bois, au milieu des athlètes. Puis il a poursuivi en remerciant les volontaires, les « meilleurs ambassadeurs du Japon« .
En choisissant de proposer une ouverture humble et simplifiée, sans le moindre excès, les Japonais ont donné le ton. Le temps d’une soirée, ils ont laissé un vent de fraîcheur souffler la chape de la pandémie hors du stade. Les Jeux de Tokyo ne changeront pas le cours de la crise sanitaire. Ils ne vaincront pas le virus. Mais pendant une poignée d’heures, vendredi 23 juillet, ils ont proposé au monde un autre dénominateur commun que le COVID-19. Les Japonais ont ouvert leurs frontières. Ils n’y étaient pas forcés. Le risque était immense mais leur mérite l’est plus encore. Place aux athlètes.