Fernando Aguerre peut se frotter les mains et réajuster son légendaire noeud papillon : le surf a réussi ses débuts olympiques. Avec un site de compétition peu réputé pour ses vagues, la plage de Tsurigasaki, le pari n’était pas gagné d’avance. Mais le changement de temps, avec l’arrivée sur les côtes japonaises du typhon Nepartak, a servi la cause du président argentin de la Fédération internationale de surf (ISA). Puis la compétition a fait le reste.
Avancées d’une journée pour profiter à fond des conditions climatiques, les finales olympiques de surf des Jeux de Tokyo ont livré un verdict doré sur tranche. Elles ont sacré les meilleurs. Surtout, elles ont affiché l’universalité d’un sport longtemps présenté comme peu accessible.
Chez les femmes, l’Américaine Carissa Moore, 28 ans, a raflé la mise. Elle est l’actuelle numéro 1 mondiale. Dans ses armoires, déjà quatre titre mondiaux. Les deux autres médailles sont allées à la Sud-Africaine Bianca Buitendag et à la Japonaise Amuro Tsuzuki. Trois médaillées, trois continents.
Chez les hommes, le titre est revenu au Brésilien Italo Ferreira. Première médaille d’or du Brésil aux Jeux de Tokyo. A ses côtés, sur le podium, le Japonais Kanoa Igarashi et l’Australien Owen Wright. Trois médailles, trois continents.
Le format de la compétition avait autorisé seulement quarante surfeurs, 20 hommes et 20 femmes. Mais dix-huit pays ont été représentés. Les médailles ont été partagées entre cinq nations différentes.
Avant le début des Jeux, Fernando Aguerre ne cachait pas sa crainte de voir les débuts du surf aux Jeux, comme sport additionnel, gâchés par des vagues trop plates et des images sans relief. Les éléments ont joué dans son camp. La compétition, sans atteindre les sommets promis dans trois ans sur les plages de Tahiti, s’est montrée au niveau d’un rendez-vous olympique.
Commentaire du président de l’ISA : « Nous avons vécu un jour historique, un moment vraiment spécial et mémorable. J’ai travaillé depuis 27 ans pour en arriver là. Rien n’a été simple, les obstacles se sont révélés nombreux et j’ai parfois douté. Aujourd’hui, six athlètes repartent avec des médailles, mais tous les autres ont gagné quelque chose. »
La suite ? Elle s’annonce pour le surf comme un long fleuve tranquille. La discipline a déjà été choisie comme sport additionnel aux Jeux de Paris 2024. Un nouveau pas. Quatre ans plus tard, le mouvement olympique fera étape à Los Angeles, en Californie, où le surf a été élevé en 2018 par les autorités au statut de sport officiel de l’état. En 2032, les Jeux dérouleront leur décor à Brisbane, sur la Gold Coast, autre lieu mythique de la pratique.
Avec un tel parcours olympique, toutes les planètes sont désormais alignées pour assurer au surf une présence durable dans le programme des Jeux. Fernando Aguerre l’avait expliqué à FrancsJeux avant les Jeux de Tokyo : « Nous ne pourrons pas rester éternellement un sport additionnel. A un moment donné, le CIO devra trancher. »
Avec deux présences successives déjà acquises, plus deux autres dans les tuyaux, le surf peut observer l’avenir avec sérénité. Mais le CIO n’a jamais expliqué de façon formelle comment, et quand, un sport additionnel peut changer de statut et rejoindre la liste des invités permanents.