Le raccourci est inévitable. Depuis le début des Jeux de Tokyo, vendredi 23 juillet, la courbe de la pandémie de COVID-19 ne cesse de grimper au Japon. Le pays a enregistré pour la première fois, jeudi 29 juillet, un nombre de nouveaux cas au-dessus de la barre des 10 000. Dans la capitale, 3.865 nouvelles personnes infectées ont été recensées au cours des dernières 24 heures, soit un nouveau record, le troisième en trois jours. Avec une telle progression, la question se pose : les Jeux y sont-ils pour quelque chose ?
Le CIO et le comité d’organisation s’en défendent. Masa Takaya et Mark Adams, les porte-paroles respectifs des deux parties, répètent sans lassitude jour après jour que les mesures anti-COVID-19 fonctionnent, que le taux de positivité reste dérisoire dans la bulle olympique (0,08 %), et que la communauté des personnes accréditées est de loin la plus testée au monde. Vrai.
Jeudi 29 juillet, la presse japonaise a révélé que deux malades du COVID-19 directement liés aux Jeux de Tokyo étaient actuellement hospitalisés à Tokyo. Les deux premiers. Richard Budgett, le directeur médical et scientifique du CIO, l’a suggéré : deux patients ne vont certainement pas menacer d’implosion le système hospitalier de la capitale japonaise. Vrai aussi.
Mark Adams insiste au quotidien : le protocole mis en place par les organisateurs japonais réduit quasiment à néant les contacts entre la population et les dizaines de milliers d’accrédités présents dans Tokyo. Le porte-parole du CIO a assuré ce jeudi qu’à sa connaissance, il n’y avait pas eu un seul cas recensé de contamination d’un habitant de Tokyo par un étranger venu au Japon pour les Jeux. Vrai également, mais difficile à vérifier avec certitude.
Il n’empêche, le débat est ouvert. Haruo Ozaki, le président de l’association médicale de Tokyo, ne s’interdit pas d’établir un lien entre les Jeux et la dégradation de la situation sanitaire. Le scientifique évoque un « impact indirect ». Selon lui, l’ambiance olympique aurait pour effet d’inciter les Japonais à se relâcher. Possible. Mais l’ambiance en question reste très discrète, voire absente, dans la capitale.
Dans le camp opposé, la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, voit plutôt dans l’événement olympique un gage de protection pour ses administrés. Empêchés de se rendre sur les sites par la décision du huis clos, ils feraient le choix de suivre l’événement à la télévision. Une démarche qui aurait pour effet de vider les rues dès la sortie des bureaux, les Tokyoïtes rentrant chez eux au pas de course pour ne rien rater des performances japonaises.
L’analyse est osée. Mais les chiffres lui donnent un certain poids. Au soir du mercredi 28 juillet, plus de 110 millions de Japonais ont regardé au moins une fois les Jeux de Tokyo à la télévision. Un record.