Malaise à la piscine olympique, ce vendredi 30 juillet, après la finale du 200 m dos. L’Américain Ryan Murphy, battu par le Russe Evgeny Rylov pour la médaille d’or, n’a pas retenu ses mots en zone mixte. Il a suggéré face aux journalistes que la finale n’avait sans doute pas été « propre« . Une allusion directe à la présence des athlètes russes aux Jeux de Tokyo, malgré la suspension de leur pays pour avoir organisé aux Jeux de Sotchi 2014 un dopage d’état.
Ryan Murphy n’est pas le premier nageur venu. Double champion olympique aux Jeux de Rio 2016, sur 100 et 200 m dos, il est aussi l’un des capitaines de l’équipe américaine de natation aux Jeux de Tokyo. Sa voix porte, ses paroles sont écoutées.
Depuis le début des compétitions olympiques, il a connu deux fois la défaite sur ses distances de prédilection. Au 100 m dos, l’Américain a hérité de la médaille de bronze, devancé par deux nageurs de l’équipe du Comité olympique de la Russie (ROC), Evgeny Rylov et Kliment Kolesnikov. Au 200 m dos, le premier des deux Russes l’a encore privé de la victoire.
Deux défaites face à des représentants d’un pays montré du doigt pour ses pratiques dopantes et ses manipulations des données de la lutte antidopage, cela fait beaucoup pour Ryan Murphy. Après la première, il a tenu sa langue. A la seconde, il s’est montré plus direct.
« C’est un énorme poids mental pour moi de nager toute l’année pour une finale qui n’est probablement pas propre, mais c’est comme ça, a-t-il lâché. Je ne peux pas à la fois m’entraîner pour les JO, à très haut niveau, et essayer de faire pression sur les personnes qui prennent les décisions pour leur faire comprendre qu’elles prennent les mauvaises. »
Médaillé de bronze, le Britannique Luke Greenbank s’est aventuré sur le même terrain en conférence de presse, après la cérémonie du podium. « C’est frustrant de savoir qu’il y a un programme de dopage soutenu par l’État et que rien n’est fait pour y remédier, a-t-il expliqué. C’est évidemment une situation très difficile de ne pas savoir si la course est propre. … C’est une situation bizarre, mais je préfère me concentrer sur moi-même et sur ce que je peux contrôler. »
Le Britannique et l’Américain n’ont pas cité la Russie. Surtout, ils n’ont pas nommé le vainqueur du jour, Evgeny Rylov, désormais double champion olympique. Mais tout le monde a compris.
Placé au centre de la tribune en conférence de presse, entre les deux autres médaillés, Evgeny Rylov n’a pas échappé à une question sur sa présumée propreté. Le Russe n’a pas évité l’obstacle. « J’ai toujours été le défenseur d’un sport propre, a-t-il répondu. Du plus profond de mon cœur, je suis pour un sport propre. … Ryan (Murphy) ne m’a accusé de rien, alors je préfère ne pas faire de commentaires. »
Suspendue de toutes compétitions olympiques et mondiales jusqu’en décembre 2022, la Russie est présente aux Jeux de Tokyo sous les couleurs de son comité national olympique. Sa délégation compte 330 athlètes. Au soir de ce vendredi 30 juillet, elle occupe la 4ème place du classement des médailles, derrière la Chine, le Japon et les Etats-Unis.