A quatre jours de la clôture, les Jeux de Tokyo n’en sont pas encore à dresser le bilan. Mais le CIO n’attend pas de voir s’éteindre la flamme olympique pour s’essayer à l’exercice.
Thomas Bach, son président, le fera formellement dès vendredi 6 août à l’occasion de sa dernière conférence de presse dans la capitale japonaise. En attendant un propos très officiel, le directeur opérations des Jeux olympiques au CIO, Pierre Ducrey, a dévoilé à FrancsJeux les premières analyses.
FrancsJeux : Les Jeux de Tokyo se sont-ils déroulés jusqu’à présent comment vous l’attendiez, ou mieux que vous l’aviez prévu ?
Pierre Ducrey : A ce jour, le résultat se situe dans la fourchette haute de ce que nous espérions dans le contexte de la crise sanitaire. Le challenge opérationnel est toujours colossal. A Tokyo, il l’était encore plus avec l’élément COVID-19. Jusqu’au dernier moment, il a fallu s’adapter, modifier des choses, faire preuve d’une grande souplesse. Sur la question des transports, par exemple. Mais au final, nous avons eu ce que nous espérions : des Jeux olympiques, déjà, et des Jeux sûrs pour les participants. Dans une telle situation, le meilleur marqueur restait le taux de positivité. Il parle de lui-même (0,08%). Pour le reste, la qualité exceptionnelle des sites a permis de proposer un événement sportif d’un niveau incroyable.
Les ajustements imposés par la crise sanitaire vous ont-ils donné des idées à mettre en place lors des éditions suivantes, même dans un contexte plus normal ?
La pandémie de COVID-19 nous avait conduit à effectuer un gros travail de réduction en amont des Jeux de Tokyo. Il s’avère que certaines choses peuvent être dupliquées à l’avenir. Une ouverture moins anticipée du village des athlètes, par exemple. Des plages horaires moins étendues pour les centres de presse, également. La diminution du nombre de personnes accréditées, également, pourrait être reproduite lors des éditions à venir.
Ces changements pourraient-ils intervenir dès les Jeux d’hiver de Pékin 2022 ?
Les discussions sont en cours avec les organisateurs chinois, avec beaucoup d’éléments en place, mais nous voulons nous donner du temps. Une chose est sûre : tout doit être reconsidéré pour ces Jeux d’hiver, avec des enseignements des Jeux de Tokyo intéressants à retenir, notamment pour le port du masque, la distanciation, les transports et l’attitude des accrédités. La vaccination jouera sans doute un rôle très important. Son taux était très élevé à Tokyo, mais il le sera encore plus en février prochain à Pékin.
La crise sanitaire a conduit les organisateurs japonais à réduire la durée du séjour des athlètes au village. Le modèle sera-t-il reproduit à l’avenir, avec une occupation par vagues successives, comme aux Jeux de la Jeunesse d’hiver 2020 à Lausanne ?
Il est trop tôt pour le dire. Nous allons débrieffer, en discuter avec les parties prenantes, dont la commission des athlètes du CIO. Le sujet est très sensible. Il n’est pas question de sacrifier l’expérience des athlètes, ils doivent pouvoir vivre à fond chaque instant de leurs Jeux.
Les Jeux de Tokyo se disputent à huis clos, dans un contexte sanitaire pesant. Pourtant, les records tombent. Comment l’expliquez-vous ?
Par la qualité des sites de compétition proposés par les Japonais, d’abord. Les retours des athlètes sont très élogieux à cet égard. Par ailleurs, les athlètes ont été privés de nombreuses compétitions internationales depuis l’an passé. Pour beaucoup d’entre eux, les Jeux sont devenus le rendez-vous unique. Ils se sont concentrés encore plus fortement sur cet objectif. Enfin, je pense que le contexte a créé une ambiance particulière, très positive, avec une grande solidarité entre les athlètes. Ils sont heureux par le seul fait d’être là. L’énergie ressentie est très positive, la pression peut-être un peu moindre. Cet état d’esprit favorise sans doute la performance.
Avez-vous envisagé, à un moment ou un autre depuis le début des Jeux, d’assouplir le huis clos en mettant en place une jauge de spectateurs ?
Non. Nous n’avons jamais perdu de vue notre objectif prioritaire : des Jeux sûrs et en sécurité. Modifier notre approche aurait été risqué. Il n’était pas question de prendre le moindre risque.