Timo Lumme, le directeur des services de télévision et du marketing du CIO, l’a suggéré en début de semaine : Tokyo 2020 restera dans l’histoire comme les Jeux du streaming. « Pékin 2008 avaient été les premiers Jeux digitaux, puis Londres 2012 ont été ceux des réseaux sociaux. A Tokyo, la nouvelle révolution est celle du streaming. »
Les chiffres lui donnent raison. NBC, détenteur exclusif des droits des Jeux aux Etats-Unis, a déjà comptabilisé 2,5 milliards de minutes de streaming de contenus olympiques sur toutes ses plateformes numériques. Un tel résultat, réalisé avant même la fin de l’événement, représente une hausse de 77 % par rapport aux Jeux d’hiver de 2018 à PyeongChang dans leur totalité. La première semaine des Jeux de Tokyo a enregistré la plus forte utilisation hebdomadaire depuis le lancement de la plateforme de streaming du groupe audiovisuel.
Il n’empêche, ce sont les réseaux sociaux qui continuent à faire le buzz dans la capitale japonaise. Sur Facebook, Twitter, Instagram, TikTok et Weibo, les publications relatives aux Jeux de Tokyo ont généré 3,7 milliards d’engagements. TikTok, notamment, réalise une spectaculaire percée dans l’univers olympique. L’application a été créée en 2017, une année après les Jeux de Rio. A Tokyo, elle s’est imposée comme l’une des plus utilisées par les athlètes.
Mais les règles restent strictes. Et le CIO veille au grain. L’instance olympique répète à l’envi qu’elle encourage les athlètes à partager leur expérience des Jeux. Elle a même assoupli la règle 50 de la Charte olympique pour autoriser les compétiteurs à exprimer une opinion sur les réseaux sociaux. Pas question, pour autant, de laisser la maison ouverte à tous les vents.
Mercredi 4 août, le compte Instagram de la Jamaïcaine Elaine Thompson-Herah, médaillée d’or au 100 et 200 m, a été brièvement bloqué. La raison : la sprinteuse avait diffusé des vidéos de ses deux finales victorieuses. Précision : Elaine Thompson-Herah compte 310.000 followers sur Instagram.
Un porte-parole de Facebook, société mère d’Instagram, a expliqué plus tard que le contenu mis en ligne par la Jamaïcaine avait été supprimé à tort. Mais le porte-parole du CIO, Mark Adams, l’a rappelé ce jeudi en conférence de presse : « Nous encourageons les athlètes, nous encourageons même tout le monde, à partager des photos des performances. Mais la vidéo appartient évidemment aux diffuseurs détenteurs des droits« .
Le message est clair : les images des Jeux restent la propriété du CIO, elles n’appartiennent pas à tout le monde, même aux premiers acteurs de l’action. D’un point de vue commercial, la position de l’instance ne souffre pas la moindre contestation. Tout juste peut-on regretter que la règle de l’exclusivité accordée aux payeurs, les diffuseurs, ne tolère pas une exception pour les premier concernés, les athlètes.
Mais Mark Adams l’a rappelé : 90% de l’argent reçu par le CIO de la main des chaînes de télévision détentrices des droits des Jeux est redistribué au mouvement olympique. « Nous devons protéger les droits des diffuseurs, et par extension les revenus que nous pouvons ensuite reverser aux athlètes et aux sports », a-t-il expliqué. Logique.
NBCUniversal a payé 7,65 milliards de dollars pour l’exclusivité aux Etats-Unis des droits des Jeux jusqu’en 2032. Face à un tel pactole, les athlètes apparaissent tout petits.