Le retour des Jeux de Tokyo prend des formes très diverses d’un pays à l’autre. En France, certains des médaillés olympiques, dont les judokas Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou, le décathlonien Kevin Mayer et le nageur Florent Manaudou, ont été invités par le COJO Paris 2024 à participer à la célébration organisée face à la Tour Eiffel pour la passation de drapeau à la cérémonie de clôture. En Australie, l’accueil des olympiens prend une tournure nettement moins festive.
Crise sanitaire oblige, les autorités australiennes imposent aux membres de la délégation olympique une quarantaine de 14 jours à leur retour au pays. Athlètes, officiels et coachs le savaient. Ils s’y étaient préparés. Pour l’essentiel, elle se déroule à Sydney, dans des hôtels réservés par le Comité olympique australien (AOC).
Mais, mauvaise surprise, le gouvernement d’Australie-Méridionale a décidé d’ajouter une deuxième période d’isolement d’une même durée. Une partie des 56 membres de la délégation issus de cet était devra donc se soumettre à une quarantaine de 28 jours. « En raison du risque élevé de la souche Delta du COVID-19 en Nouvelle-Galles du Sud, toute personne voyageant depuis cette région doit être mise en quarantaine pendant 14 jours à son entrée en Australie-Méridionale« , a déclaré l’état dans un communiqué.
Le Comité olympique australien n’a pas tardé à réagir à cette annonce. Il dénonce l’attitude « cruelle et insensible » du gouvernement d’Australie-Méridionale. L’AOC a demandé aux autorités une exception pour les athlètes présents aux Jeux de Tokyo. La demande n’a pas été acceptée.
« Alors que d’autres pays célèbrent le retour de leurs athlètes, nous soumettons les nôtres au traitement le plus cruel et le plus insensible, dénonce Matt Carroll, le directeur général de l’AOC. Ils sont punis pour avoir fièrement représenté leur pays aux Jeux olympiques. »
Sur les 56 membres de la délégation olympique, 16 ont effectué leur première quarantaine à Sydney. Une étape qui leur coûtera cher.
« Non seulement nos olympiens sont entièrement vaccinés, mais ils ont également vécu dans une bulle hautement contrôlée à Tokyo, prenant les plus grandes précautions — testés quotidiennement pendant de nombreuses semaines, explique Matt Carroll. Nous n’avons reçu aucune explication quant aux raisons pour lesquelles notre demande au nom de ces athlètes a été rejetée. »
Pour le docteur David Hughes, médecin en chef à l’Institut du sport australien (AIS) de Canberra, une période d’isolement aussi longue n’est pas sans danger pour la santé mentale des athlètes. « Mettre des personnes à l’isolement pour une période aussi longue n’est pas une décision raisonnable, et ne se justifie pas scientifiquement parlant, suggère-t-il dans un communiqué de l’AOC. Cela pose un vrai risque pour le bien-être physique et mental des athlètes. Ils sont émotionnellement vulnérables après des Jeux olympiques vécus sous contraintes sanitaires. »
Depuis le début de la crise sanitaire, l’Australie a opté pour la manière dure, avec un mélange de contrôles stricts des voyages, une fermeture des frontières et des mises en quarantaine rapides. Le résultat lui a donné raison, avec environ 37.000 cas de COVID-19 et un nombre de décès inférieur à 1 000. Le pays ne tolère pas d’exception, même pour ses olympiens.
Aux Jeux de Tokyo, l’Australie a pris la 6ème place du classement des médailles, avec 46 places sur le podium, dont 17 titres olympiques.