L’histoire s’est répétée, mardi 24 août, au stade olympique de Tokyo. Un peu plus d’un mois après l’ouverture des Jeux olympiques, le rendez-vous paralympique a pris possession des lieux. Même décor, mais aussi même ambiance. Un stade privé de spectateurs. Un contexte sanitaire pesant. Un decorum volontairement simplifié. Et, dans les discours, l’expression d’un profond soulagement.
Comme un mois plus tôt, la tribune officielle a sonné creux. Peu de dignitaires ont fait le voyage vers le Japon. Le plus observé de la travée a été Douglas Emhoff, l’époux de la vice-présidente américaine Kamala Harris. Mais les Japonais ont joué le jeu. L’empereur Naruhito a prononcé pour la deuxième fois le discours d’ouverture. Yoshihide Suga, le Premier ministre, s’est placé à ses côtés pour assister au spectacle. Thomas Bach n’était pas loin. Mais, cette fois, le privilège de s’adresser aux athlètes est revenu à Andrew Parsons, le président du Comité international paralympique (IPC).
« Je n’arrive pas à croire que nous y sommes enfin, a déclaré le dirigeant brésilien. Beaucoup doutaient que ce jour arrive, beaucoup pensaient que c’était impossible, mais grâce aux efforts de beaucoup, l’événement sportif doté de la plus grande force de changement sur la planète est sur le point de commencer. »
Au total, la cérémonie a rassemblé moins de 7.000 personnes, dans un stade olympique qui peut en recevoir dix fois plus. Selon les chiffres officiels, les 162 délégations présentes aux Jeux paralympiques ont été représentées par environ 3.400 athlètes et officiels. Les médias ont fait le nombre, comme un mois plus tôt, avec 2.400 journalistes et techniciens. Les invités et membres des « parties prenantes » (IPC, fédérations internationales, comité d’organisation…) ont tout juste atteint 800 personnes.
Une équipe de réfugiés a défilé au moment de la parade des nations. Le drapeau de l’Afghanistan a été porté par un volontaire, en l’absence des deux athlètes engagés, empêchés de rejoindre le Japon par l’annulation de tous les vols commerciaux depuis Kaboul. Comme lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, la France a défilé en avant-dernière position, en tant que pays organisateur des prochains Jeux. Le Japon a fermé la marche. Sa délégation compte 253 athlètes. Elle est la plus importante des Jeux.
Puis la flamme a été allumée par trois athlètes paralympiques japonais : la médaillée de bronze en tennis en fauteuil aux Jeux de Rio 2016, Yui Kamiji, un joueur de boccia, Shunsuke Uchida, et une spécialiste du powerlifting, Karin Morisaki.
Les Jeux peuvent commencer. Ils s’annoncent comme les plus incertains de l’histoire, en raison du contexte sanitaire, malgré un durcissement des mesures anti-COVID imposées par les organisateurs japonais.
L’IPC a fait ses comptes : les Jeux de Tokyo marqueront une nouvelle avancée du mouvement paralympique. Certes, le nombre de délégations (162) reste inférieur à celui enregistré à Londres en 2012 (164). Mais pour le reste, tous les records sont battus.
Le nombre de sports, d’abord. Avec l’entrée du taekwondo et du badminton, le programme en compte désormais 22, pour un total de 539 sessions.
Les athlètes, ensuite. Ils ont été 4.403 à recevoir une accréditation pour les Jeux de Tokyo. Le précédent record datait des Jeux de Rio 2016, où l’événement avait rassemblé 4.328 compétiteurs. A la différence des Jeux olympiques, la parité n’est pas encore approchée, puisque Tokyo 2020 compte 2.550 athlètes masculins pour 1.853 féminines. Mais les femmes progressent. Elles étaient 1.671 aux Jeux de Rio 2016.
L’universalité, enfin. Cinq pays sont représentés pour la première fois aux Jeux paralympiques : le Bhoutan, la Grenade, les Maldives, le Paraguay, Saint-Vincent et les Grenadines. Mais 21 comités nationaux paralympiques n’ont pas été en mesure de participer. Quatre d’entre eux sont suspendus par l’IPC : les Comores, Djibouti, les Seychelles et le Soudan. Quatre autres n’avaient tout simplement pas d’athlètes à envoyer : Andorre, Antigua-et-Barbuda, le Liechtenstein et Saint-Marin. Enfin, pour deux pays, Macao et le Surinam, la décision de renoncer est venue des athlètes eux-mêmes.