Les Japonais ne perdent pas de temps. Moins de trois semaines après que le rideau soit tombé sur les Jeux olympiques de Tokyo, alors que son pendant paralympique distribue seulement ses premières médailles, une étude analyse déjà l’impact économique des deux événements au Japon. Sans surprise, ses résultats se révèlent spectaculaires.
Katsuhiro Miyamoto, un professeur émérite d’économie théorique à l’Université du Kansai, a calculé les effets des Jeux de Tokyo 2020 sur l’économie japonaise. Selon ses calculs, ils devraient s’établir à un niveau record, à 6,14 trillions de yens, soit un peu plus de 55 milliards de dollars. Faramineux. Mais, contrepartie moins réjouissante, le comité d’organisation peut se préparer à une perte elle aussi abyssale de plus de 2 trillions de yens, soit un peu moins de 20 milliards de dollars.
Présentés avant même le report d’une année comme l’édition olympique la plus chère de l’histoire, les Jeux de Tokyo ont vu leur coût encore augmenter après la décision du gouvernement japonais de les décaler d’une année. Le comité d’organisation a encaissé une partie du surcoût. Puis l’absence de public sur les sites de compétition a encore creuse son déficit en réduisant à néant ses recettes en billetterie.
Côté bénéfices, l’économiste japonais estime que l’impact positif de la construction des installations, dont le Stade national et le village des athlètes, a déjà profité à l’économie japonaise. Il s’élève à 3,27 billions de yens, soit environ 27 milliards de dollars. Pas mal.
Le reste est à venir. Il viendra des dépenses de consommation des visiteurs étrangers venus aux Jeux olympiques et paralympiques (athlètes, officiels, médias…), moins nombreux que prévu, et surtout moins dépensiers, les mesures sanitaires ayant considérablement restreint leurs déplacements.
Enfin, Katsuhiro Miyamoto anticipe un « effet héritage« , plus long à venir, mais sans doute très significatif.
Côté dépenses, l’étude de l’économiste japonais donnera à coup sûr la migraine aux autorités locales et nationales. Katsuhiro Miyamoto a placé dans une colonne les dépenses des organisateurs depuis l’attribution à Tokyo des Jeux d’été 2020, décidée par la session du CIO en septembre 2013. Dans la colonne opposée, il a fait figurer les revenus du comité d’organisation pendant la même période.
Malgré un programme de marketing national record, estimé à plus de 3 milliards de dollars, la balance se révèle très déséquilibrée. Elle affiche un déficit supérieur à 21 milliards de dollars au cours actuel.
A l’heure des comptes, les contribuables seront dans tous les cas de figure largement mis à contribution. L’étude de l’économiste révèle que la part du déficit assumée par le gouvernement métropolitain de Tokyo s’élève à 1,41 trillion de yens (12,8 milliards de dollars), celle du gouvernement japonais à 874 milliards de yens (7,9 milliards de dollars), le reste étant supporté par le comité d’organisation.
Katsuhiro Miyamoto l’a assuré à l’agence Kyodo News : « J’ai calculé les pertes respectives des uns et des autres de façon objective, en me basant sur les chiffres annoncés publiquement par les institutions responsables. » Mais le professeur d’économie le précise : ses estimations ne tiennent pas compte des effets néfastes des Jeux olympiques et paralympiques sur la situation sanitaire au Japon.