L’heure des comptes n’est pas encore venue pour Tokyo et le Japon. Tant mieux. Elle s’annonce comme un moment difficile à passer. Les Japonais le savent. Ils s’y préparent.
Mais pour le comité d’organisation des Jeux de Tokyo, la journée du lundi 6 septembre a été marquée par un premier bilan. Au moment où le symbole du mouvement paralympique, les trois « Agistos », était retiré de sa barge dans la baie d’Ariake, les deux principaux leaders des Jeux ont tenu une conférence de presse. Toshiro Muto, le directeur général, un historique du dispositif, et Seiko Hashimoto, la présidente, débarquée au printemps dernier pour éteindre le feu allumé par les propos sexistes de son prédécesseur, Yoshiro Mori.
Les deux Japonais se sont gardés de tout triomphalisme. Mais ils n’ont pas non plus caché leur « fierté » d’avoir mené à bout les deux événements sans provoquer le séisme sanitaire prédit par la communauté scientifique.
« Je suis fière du Japon, fière qu’il ait accueilli les Jeux olympiques et paralympiques, les deux premiers événements mondiaux organisés depuis la pandémie, et d’avoir pu passer le relais à Paris« , a sobrement déclaré Seiko Hashimoto, masquée en toutes circonstances.
Puis l’ancienne patineuse de vitesse et cycliste japonaise a pris tout son temps pour répondre à la question de savoir si les Jeux de Tokyo pouvaient être considérés comme un succès. « Comme nous n’avons pas été en mesure d’accueillir les Jeux de Tokyo sous une forme complète, avec du public, je ne peux pas dire qu’ils ont été un succès à 100 %. Je pense que l’histoire déterminera s’ils ont été un succès ou non. »
Plus pragmatique, Toshiro Muto parle déjà finances. Le sujet est glissant. Il l’était avant même le début des Jeux, et l’est encore plus aujourd’hui, alors que les comptables du comité d’organisation vont voir arriver les dernières dépenses, dont celles des dizaines de milliers de tests PCR réalisés depuis le 1er juillet, mais sans pouvoir compter sur les recettes de la billetterie.
Le directeur général de Tokyo 2020 a suggéré que les discussions allaient débuter rapidement, avec les autorités de Tokyo et le gouvernement japonais, sur la manière de compenser les pertes liées à l’absence de spectateurs sur les sites. Elles devraient se résumer à une seule question : qui paiera ?
Toshiro Muto a apporté un début de réponse, lundi en conférence de presse. « La règle dans ce domaine veut que la ville-hôte assume les pertes, a-t-il expliqué. Mais une décision plus spécifique sera prise après les discussions avec toutes les parties. » Dans tous les cas, le CIO ne sera pas mis à contribution. L’instance olympique a répété à plusieurs reprises, avant et pendant les Jeux de Tokyo, que sa subvention avait déjà été réévaluée après la décision du report, mais qu’elle en resterait là. Sa position ne devrait pas changer.
Pour rappel, les organisateurs avaient estimé que la vente des billets leur rapporterait au moins 90 milliards de yens, soit environ 819 millions de dollars. La décision du huis clos a rayé d’un trait épais cette ligne du budget des Jeux.
Les discussions s’annoncent animées. Dans tous les cas de figure, il reviendra aux contribuables japonais d’éponger les pertes. Mais, surprise, l’expérience souvent douloureuse des Jeux de Tokyo ne semble pas avoir guéri le Japon de sa fièvre olympique. La péninsule en veut encore. Et sans trop tarder
Seiko Hashimoto l’a signifié à sa manière, en conférence de presse. L’ancienne ministre olympique a confié qu’elle souhaitait que la ville de Sapporo, dans l’île d’Hokkaido, poursuive sa course pour l’organisation des Jeux d’hiver en 2030. Puis elle a créé une certaine sensation en reconnaissant qu’elle était prête à diriger le comité d’organisation dans le cas où Sapporo serait choisie par le CIO.