A moins de trois ans des Jeux de Paris 2024, le retard se prolonge dans la construction des futurs sites olympiques. Après le village des médias, une autre construction également prévue en Seine-Saint-Denis est ralentie par les procédures juridiques. Son avenir est désormais en pointillés.
La cour administrative d’appel de Paris a suspendu, lundi 20 septembre, le permis de construire de la piscine d’entraînement d’Aubervilliers. Sa construction est contestée par des associations de riverains et de défenseurs de l’environnement. Elles lui reprochent, pour l’essentiel, d’empiéter sur les historiques jardins ouvriers, ces terrains potagers plus que centenaires.
Le projet de construction d’un bassin de natation de 50 mètres, assorti d’un solarium, prévoit la destruction de 67 arbres. Une grande partie d’entre eux (47) doit être replantée, mais seulement une partie. Le chantier doit également amputer près de 4.000 mètres carrés de jardins ouvriers.
Selon l’arrêt de la cour administrative de Paris, consulté par l’AFP, « l’exécution de la présente ordonnance, qui suspend le permis de construire litigieux, implique nécessairement, comme le soutiennent à bon droit les requérants, qu’il soit immédiatement mis fin aux travaux déjà entrepris ». Le juge saisi de l’affaire aurait notamment relevé plusieurs vices de légalité envers le code de l’urbanisme.
Le permis de construire, délivré le 21 juillet dernier, est donc suspendu. Les travaux sont arrêtés avant même d’avoir réellement débuté. Ils en étaient seulement à la destruction des jardins, commencée au début du mois de septembre, après l’évacuation forcée de militants écologistes qui occupaient les lieux depuis plusieurs mois.
Bassin d’entraînement pour les Jeux de Paris 2024, la piscine doit ensuite être accessible aux habitants d’Aubervilliers, une ville de 90.000 habitants où, pointe la maire Karine Franclet, 60% des enfants ne savent pas nager à leur entrée en classe de sixième. Aubervilliers compte à ce jour une seule piscine. Le bassin olympique devait être intégré dans le vaste plan d’héritage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
Le coût du projet a été fixé à 33 millions d’euros, dont environ un tiers financé par la SOLIDEO, en charge de la livraison des ouvrages olympiques.
Verra-t-il le jour ? A ce stade, la réponse reste très conditionnelle. La bataille juridique ne fait sans doute que débuter. La mairie d’Aubervilliers, porteuse du permis de construire, peut faire appel devant le Conseil d’Etat de la décision de la cour administrative. Elle peut également régulariser les points litigieux soulevés par le juge. Le projet devrait aussi faire l’objet d’une nouvelle audience sur le fond.
Pour rappel, la même juridiction administrative avait prononcé en avril dernier la suspension des travaux du village des médias, situé à Dugny, toujours en Seine-Saint-Denis. Trois mois plus tard, après une nouvelle étude du dossier sur le fond, elle avait fait marche arrière et autoriser la reprise du chantier.
Mais le temps passe. Stéphane Troussel, le président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, l’a expliqué dès lundi matin devant les médias : « Si le calendrier ne permet pas que la piscine soit fléchée comme un site d’entraînement, la SOLIDEO posera le débat » de sa participation financière. En clair, l’existence même de ce bassin d’entraînement sera débattue. Avec le risque de le voir rayé définitivement de la carte des sites des Jeux de Paris 2024.