Les trains arrivent à l’heure dans le mouvement olympique. La crise sanitaire n’y change rien, tout juste modifie-t-elle quelques lignes du scénario. Comme annoncé, prévu et redouté, la traditionnelle cérémonie d’allumage de la flamme olympique, lundi 18 octobre à Olympie, a été perturbée par des militants des droits de l’homme. Une habitude sitôt qu’il est question d’associer, dans un sens ou dans l’autre, la Chine et les Jeux olympiques.
La veille, la répétition du cérémonial avait déjà été déréglée par l’intrusion de deux activistes de la cause tibétaine, rapidement maitrisés par la police grecque. Lundi 18 octobre, ils ont été trois militants à déjouer les mesures de sécurité mises en place autour du temple d’Héra, site de la cérémonie d’allumage de la flamme.
Les trois intrus ont réussi à se glisser dans le décor. Ils ont couru à grandes enjambées vers la torche, avec l’intention manifeste de s’inviter à une scène digne d’un péplum, en brandissant une bannière sur laquelle on pouvait lire « Pas de Jeux du génocide. »
La police s’y était préparée. Les manifestants ont été plaqués au sol, avant d’être évacués de la scène puis placés en détention. Commentaire de l’un des activistes : « Comment Pékin peut-elle être autorisée à accueillir les Jeux olympiques alors qu’elle commet un génocide contre les Ouïghours ? »
L’incident avait été anticipé. Il n’a surpris personne, parmi l’étroite colonie d’invités à la cérémonie d’allumage du flambeau. Thomas Bach, le président du CIO, et Katerina Sakellaropoulou, la présidente de la République hellénique, s’y attendaient.
Selon plusieurs sources, d’autres manifestants ont été arrêtés par la police grecque avant de pouvoir rejoindre le site archéologique.
Sans la moindre surprise, l’instance olympique n’a pas mentionné l’incident dans son communiqué officiel, publié après la cérémonie. Elle a préféré insister sur le « symbole de paix, d’unité et de solidarité » de la flamme des Jeux.
Dans son discours, Thomas Bach a rappelé que les Jeux devaient être « respectés comme un terrain politiquement neutre« . Le président du CIO a insisté : « Dans notre monde fragile, où les divisions, les conflits et la méfiance sont en augmentation, les Jeux olympiques construisent toujours des ponts. Ils n’érigent jamais de murs. »
Crise sanitaire oblige, la cérémonie d’allumage s’est déroulée sans le moindre spectateur, sinon ces quelques intrus entrés sans invitation. Le traditionnel relais de la torche à travers la Grèce a été annulé pour les mêmes raisons.
La transmission du flambeau est réduite cette année au strict minimum. Un skieur grec, Ioannis Antoniou, déjà choisi comme premier relayeur de la flamme pour les Jeux d’hiver de Sotchi 2014, a confié le flambeau à un patineur de vitesse chinois, Li Jiajun, cinq fois médaillé en short-track aux Jeux de Nagano 1998, Salt Lake City 2002 et Turin 2006.
La suite s’annonce aussi minimaliste. La flamme olympique doit être remise officiellement ce mardi 19 octobre aux Chinois, au stade panathénaïque d’Athènes. Elle sera ensuite embarquée à bord d’un avion pour Pékin. Une cérémonie d’accueil est prévue mercredi 20 octobre dans la capitale chinoise. La flamme sera d’abord exposée au public à la Tour olympique de Pékin, avant de s’offrir une tournée de présentation.
Reste une inconnue, mais de taille : le relais de la flamme olympique en Chine. A ce jour, les organisateurs n’en ont pas dévoilé grand-chose. Aura-t-il seulement lieu ? Le CIO explique très diplomatiquement, dans son communiqué, que « de plus amples informations seront annoncées par le comité d’organisation de Pékin 2022 après la cérémonie d’accueil du 20 octobre. » Mystère sur toute la ligne.