Les Jeux d’hiver de Pékin 2022 ne seront pas les premiers marqués de l’empreinte du COVID-19, mais ils s’annoncent comme les plus stricts sur le plan sanitaire. A l’heure des comparaisons, Tokyo 2020 pourrait bien s’apparenter à une tranquille partie de campagne.
La flamme olympique, allumée deux jours plus tôt en Grèce, est arrivée mercredi 20 octobre en début de matinée en Chine. Elle a été fièrement présentée à sa sortie de l’avion, très alerte dans sa lanterne rouge, malgré la longueur du voyage. A ses côtés, une copie de la torche olympique. Les Chinois s’y connaissent en cérémonial. Ils ne font jamais dans l’à-peu-près ou l’improvisation.
Une cérémonie d’accueil a ensuite été organisée à la Tour olympique, emblème des Jeux d’été de Pékin 2008. Puis un dignitaire du régime, Cai Qi, le secrétaire du comité municipal du Parti communiste chinois, par ailleurs président du comité d’organisation des Jeux d’hiver 2022, a allumé la vasque.
Jusque-là, rien de très inattendu. Mais la suite s’est révélée moins festive. Dans les discours, puis surtout dans les annonces.
Zhang Jiandong, le vice-maire de Pékin et vice-président exécutif du comité d’organisation, a donné le ton en expliquant que la santé et la sécurité de tous les participants étaient la priorité absolue dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques. Puis les Chinois ont laissé entendre que le relais de la flamme serait réduit à sa plus simple expression.
Un relais, certes, composé de porteurs de flambeau en uniforme officiel, se transmettant la torche avec des gestes précis et le sourire aux lèvres. Mais sa longueur sera limitée à seulement trois jours. Il débutera le 2 février, avant-veille des trois coups, pour se terminer vendredi 4 février au soir, pendant la cérémonie d’ouverture.
Au total, 1.200 relayeurs se succèderont pendant les trois journées de ce relais historiquement court, le moins long depuis la fin des années 60 pour des Jeux d’hiver. En moyenne, 400 privilégiés par jour. Quant au parcours, il sera réduit aux seules villes hôtes des compétitions, Pékin, Yanqing et Zhangjiakou.
Le reste sera virtuel. Très tendance. Au cours des prochaines semaines, la flamme olympique visitera la Chine, mais en mode digital. Les organisateurs chinois ne se sont pas étendus sur les détails. Tout juste sait-on que ce relais d’un genre inédit, digne d’un film d’anticipation, sera mis en scène grâce aux prouesses de la réalité virtuelle. Ses organisateurs ont prévu des sessions en WeChat et une poignée d’opérations de promotion pour inciter un maximum de Chinois à en suivre la progression.
Avec un tel dispositif, les Chinois envoient un message au reste du monde : les Jeux d’hiver de Pékin 2022 auront bien lieu, mais leur bulle sanitaire sera la plus hermétique de l’histoire. En réduisant le relais de la flamme à seulement trois jours, une décision que les Japonais de Tokyo 2020 s’étaient refusés à prendre, ils laissent entrevoir un événement olympique dominé par l’obsession du risque zéro.
La publication du playbook, où seront détaillées les mesures sanitaires imposées aux accrédités, est annoncée pour la fin du mois d’octobre. Selon certaines sources, elle pourrait intervenir avant la fin de la semaine. Les Chinois n’en ont encore rien dévoilé, sinon l’absence de spectateurs étrangers et l’obligation d’être vacciné, sous peine de se soumettre à une quarantaine de 21 jours. Mais son contenu s’annonce peu réjouissant pour les futurs participants.
Quant à l’option d’un huis clos sur les sites de compétition, elle n’est pas écartée, même si les organisateurs continuent à évoquer la présence d’un public exclusivement composé de résidants chinois. A un peu plus de 100 jours de l’ouverture, il semble de plus en plus difficile d’imaginer les Chinois réduire pour l’essentiel le relais de la flamme à une version digitale, tout en autorisant les spectateurs à se presser dans les tribunes.