Le timing est devenu rituel. A 100 jours de l’ouverture des Jeux d’hiver de Pékin 2022 (4 au 20 février), ce mercredi 27 octobre, les organisateurs chinois ont dévoilé les médailles olympiques (photo ci-dessus) et paralympiques. Un air de déjà-vu.
Les Chinois le promettent depuis plusieurs mois : ils proposeront au monde, dans 100 jours, des Jeux d’hiver « simples et sûrs« . Les médailles dévoilées à Pékin donnent le ton. Elles sont rondes, à l’ancienne, et sans excès de fantaisie. Simples, donc. Leur design est identique pour les versions olympique et paralympique, à la différence du symbole incrusté sur la face avant : les anneaux dans un cas, les « agitos » dans l’autre.
A 100 jours de l’ouverture, jamais sans doute un rendez-vous olympique n’aura été enveloppé d’un tel flou. Les Chinois laissent filtrer le moins d’informations possible sur l’événement. Ils se réfugient derrière le contexte sanitaire pour entretenir le mystère.
Que sait-on réellement des Jeux d’hiver de Pékin 2022 ? Et, surtout, que reste-t-il à découvrir ? A J – 100, tour d’horizon des certitudes et des zones d’ombre du premier rendez-vous olympique d’hiver organisé dans une ville ayant déjà accueilli les Jeux d’été.
Ce que l’on sait
Les athlètes seront vaccinés. Tous. Les seules exceptions seront médicales. Elles ne devraient pas être nombreuses. Les Chinois n’en ont pas fait une obligation formelle, mais la perspective d’une quarantaine de 21 jours en cas de manquement à la vaccination aura le même effet qu’un ordre militaire. Les comités olympiques américain et canadien ont déjà annoncé aux candidats à la sélection qu’il leur faudrait en passer par une vaccination complète avant de monter dans l’avion. La présidente de la Fédération autrichienne de ski (ÖSV), Roswitha Stadlober, a prévenu cette semaine ses skieurs, toutes disciplines confondues, que la vaccination contre le COVID-19 ne serait pas une option, mais une obligation, pour intégrer la délégation. La cheffe de mission britannique, Georgie Harland, a confié mardi 26 octobre que les 57 athlètes de l’équipe olympique seraient tous vaccinés.
Les bulles seront hermétiques. Les Jeux de Pékin se dérouleront sur trois clusters bien distincts. A Pékin les deux cérémonies, les disciplines de la glace (patinage, hockey et curling), plus le snowboard et le freestyle big air. A Yanqing, à environ 75 km au nord-ouest de la capitale, le ski alpin, le bobsleigh, la luge et le skeleton, plus le principal village des athlètes. A Zhangjiakou, à 180 km de Pékin, le ski acrobatique, le ski de fond, le saut à ski, le combiné nordique et le biathlon. Trois clusters et autant de bulles sanitaires. Dans chacune d’elles, la vie se déroulera en circuit fermé, sans la moindre interaction avec la population locale. Les tests de dépistage seront quotidiens. Les accrédités ne seront pas réellement en Chine, mais aux Jeux d’hiver de Pékin. A l’écart du monde.
Le relais de la flamme sera virtuel. Pas question pour les Chinois de prendre le moindre risque. Le relais de la flamme dans sa forme habituelle, une procession de coureurs en uniforme officiel se succédant en portant le flambeau à bout de bras, durera trois jours. Il se tiendra du 2 au 4 février et visitera seulement les trois clusters, Zhangjiakou, Yanging, puis Pékin. Le reste sera virtuel. Un relais de la flamme à vivre en streaming. Bof.
Ce que l’on ne sait pas
Le public. Officiellement, les Chinois s’en tiennent toujours à une version optimiste des Jeux d’hiver de Pékin. Pas un seul spectateur venu de l’étranger, certes, mais la présence dans les sites d’un public composé de résidents chinois. La jauge, s’il doit y en avoir une, sera connue « ultérieurement« . Mais tous les indicateurs laissent penser que l’option du huis clos est loin d’être écartée. La billetterie n’a toujours pas débuté, à 100 jours de l’ouverture. Les épreuves pré-olympiques qui se tiennent actuellement en Chine se déroulent toutes sans public. Les marathons de Wuhan et Pékin ont été annulés en raison de la hausse des cas de COVID enregistrés dans le pays.
Le boycott. Sauf très improbable retournement de situation, les Jeux de Pékin 2022 ne seront boycottés par aucun pays. Mais la représentation officielle à la cérémonie d’ouverture s’annonce plus incertaine. En Europe et aux Etats-Unis, des groupes de parlementaires ont appelé à un boycott diplomatique. Plusieurs athlètes américains se sont récemment exprimés sur la question des droits de l’homme en Chine, dénonçant les discriminations du régime de Pékin contre le Tibet, les Ouïgours et les opposants à Hong Kong. Les règles du CIO les empêcheront d’exprimer une opinion sur le podium ou le terrain de compétition. Mais il serait surprenant que les Jeux de Pékin ne soient pas marqués, d’une façon ou d’une autre, pas des manifestations d’opposition à la Chine.