L’exercice démocratique prend une étrange tournure dans le mouvement olympique. Les villes hôtes des Jeux sont choisies sans calendrier ni processus électoral. Et les élections présidentielles dans les instances internationales se résument le plus souvent à un plébiscite écrit d’avance, avec un candidat unique se présentant face aux électeurs.
Une poignée de fédérations internationales doivent en passer par les urnes, au cours des prochaines semaines, pour se choisir un président. A une seule exception, le résultat est déjà connu. Un seul postulant. Pas la moindre concurrence. Zéro suspense.
Samedi 6 novembre, Jean-Christophe Rolland sera reconduit pour un troisième mandat à la présidence de la Fédération internationale d’aviron (World Rowing). Le Français est seul candidat pour le poste suprême. Il rempilera pour quatre nouvelles années, avec la certitude de mener la discipline aux Jeux de Paris 2024.
Elu pour la première fois en 2013, Jean-Christophe Rolland avait alors battu deux rivaux, la Canadienne Trica Smith et l’Australien John Boultbee, pour succéder au Suisse Denis Oswald à la présidence de l’instance, alors nommée FISA. Depuis, il a été reconduit sans opposition en 2017 pour un deuxième mandat. Samedi 6 novembre, sa réélection se déroulera dans un même climat de sérénité.
Trois semaines plus tard, la Fédération internationale d’escrime (FIE) vivra à son tour un congrès électif où le scénario est connu avant son ouverture. Le milliardaire russe Alisher Usmanov, 68 ans, sera réélu à Lausanne pour un quatrième mandat. Lui aussi est le seul candidat. Une habitude. Sorti vainqueur en 2008 d’une élection où il faisait face au sortant, le Français René Roch, Alisher Usmanov a depuis étouffé la concurrence. Il a été réélu sans opposition en 2012 puis en 2016. Avec un nouveau mandat de quatre ans acquis d’avance, le Russe est assuré de présider la FIE pendant un bail minimum de 17 ans.
Plus surprenant, le cas de la Fédération internationale de tennis de table (ITTF). Son président actuel, l’Allemand Thomas Weikert, a choisi de mettre les pouces. Contesté au sein de son propre comité exécutif, mis en minorité et privé de son pouvoir de décision, il rend les armes. Il ne sollicitera pas un nouveau mandat lors de l’assemblée générale élective, prévue en marge des Mondiaux individuels à Houston (Etats-Unis), qui doivent se tenir du 23 au 29 novembre 2021.
Le retrait du sortant devrait, en toute logique, susciter les vocations. Il libère le terrain. Il ouvre en grand le champ des possibilités. Pourtant, surprise, l’élection à la présidence de l’ITTF est jouée d’avance. La liste des candidats se résume à un seul nom : la Suédoise Petra Sörling. En l’absence de concurrence, elle deviendra à la fin du mois la première femme à présider l’ITTF depuis la création de l’instance. Elle rejoindra l’Espagnole Marisol Casado (triathlon), et une autre Suédoise, Annika Sörenstam (golf), dans le cercle très fermé des femmes présidentes d’une fédération internationale d’un sport olympique d’été.
Seule exception à cette longue série de plébiscites, la Fédération internationale de gymnastique (FIG). L’élection présidentielle, prévue samedi 6 novembre à Antalya, en Turquie, se jouera entre deux hommes. Dans le camp du sortant, annoncé favori, le Japonais Morinari Watanabe (photo ci-dessus). Il brigue un second mandat. En face, dans le coin du challenger, l’Azerbaïdjanais l’Azerbaïdjanais Farid Gayibov. Tout sauf un faire-valoir, puisqu’il préside la confédération européenne de gymnastique (European Gymnastics).
Le congrès électif de la FIG aurait dû se tenir en octobre 2020. Mais il a été reporté d’une année en raison de la crise sanitaire. Morinari Watanabe, par ailleurs membre du CIO (il dirigeait notamment la task force appelée à organiser les qualifications et le tournoi de boxe des Jeux de Tokyo après la suspension de l’AIBA), a donc gagné une année de mandat.
Curieusement, les sports d’hiver échappent au phénomène. Deux des instances majeures des disciplines olympiques, les fédérations internationales de ski (FIS) et de hockey sur glace (IIHF), ont connu au cours des derniers mois un changement de gouvernance.
Dans les deux cas, le président sortant ne se représentait pas : Gian Franco Kasper à la FIS, René Fasel à l’IIHF. Dans les deux cas, les postulants se sont bousculés à la porte. Quatre candidats pour la présidence de la FIS, cinq pour diriger l’IIHF. La victoire du Suédois Johan Eliasch à la tête du ski était attendue, celle du Français Luc Tardif aux commandes du hockey sur glace l’était un peu moins. Les électeurs ont tranché. Au moins, ils avaient le choix.