L’événement ne figure sur aucun calendrier sportif international, mais la COP26 se révèle l’endroit où aller, cette semaine, pour le mouvement olympique. A Glasgow, la Conférence mondiale sur le climat voit défiler les envoyés des instances et organisations nationales et internationales. Le sport s’invite dans les débats. Il fait causer.
En début de semaine, une table ronde sur le Sport et le Climat a donné le ton. Parmi les intervenants, la directrice de l’excellence environnementale du COJO Paris 2024, Georgina Grenon. Après avoir présenté la politique de Paris 2024 en termes de durabilité, elle a expliqué que le comité d’organisation s’engageait à réduire de moitié ses émissions à échéance 2024 et à les compenser complètement au cours de la même période.
A moins de trois ans de l’événement, Paris 2024 se pose en premier de la classe. Il ambitionne même de prendre tout le monde vitesse. Le CIO a pris l’engagement par la voix de son président, Thomas Bach, de réduire de 50 % ses émissions de CO2 d’ici 2030. « Nous atteindrons cet objectif six ans plus tôt, pour les Jeux de 2024« , a assuré Georgina Grenon.
Mercredi 3 novembre, il a encore été beaucoup question de sport à la COP26. Mais, cette fois, le discours a pris une autre tournure. Patricia Espinosa, la secrétaire exécutive de l’ONU pour le changement climatique, a appelé le mouvement sportif à passer à l’action. Elle a exhorté ses organisations à traduire en actes et en initiatives leurs paroles et leurs engagements.
‘ »Près de 300 organisations sportives sont signataires du cadre du sport pour l’action climatique (S4CA), a-t-elle rappelé. Nous les mettons maintenant au défi de réduire leurs émissions de 50 % d’ici 2030 au plus tard, puis d’atteindre l’objectif d’un niveau zéro d’émissions nettes d’ici 2040. Elles doivent également s’engager à soumettre des plans décrivant les actions concrètes qui seront prises pour mettre en œuvre les objectifs de 2030. » Il leur faudra en publier des mises à jour annuelles au cours des huit années à venir.
Tout sauf un hasard, la FIFA s’est fendue le jour même d’un communiqué où elle explique dans le détail sa stratégie pour le climat. L’instance internationale du football veut, elle aussi, se poser en première de cordée. A Glasgow, elle est représentée par Isha Johansen, la dirigeante de Sierre Leone, membre du Conseil de la FIFA. Gianni Infantino n’a pas fait le voyage, mais il s’est exprimé devant les délégués via une vidéo enregistrée à l’avance.
La FIFA s’engage à respecter les demandes de l’ONU, une réduction de moitié des émissions d’ici 2030, puis zéro émission nette en 2040. Elle rappelle avoir conclu un accord avec le Qatar pour organiser l’an prochain un Mondial de football neutre en carbone. Le terrain sera favorable, les stades du tournoi planétaire étant tous concentrés à Doha et dans ses environs. Mais la tache s’annonce nettement plus complexe pour l’édition suivante, attribuée par la FIFA aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada, avec des milliers de kilomètres à parcourir en avion pour les équipes, les officiels, les médias et les spectateurs.
A l’aune de la durabilité, le football professionnel peine à traduire en actes les belles paroles de ses dirigeants internationaux. Le mois dernier, Manchester United a été critiqué sur les réseaux sociaux pour avoir transporté en avion son équipe vers Leicester, seulement distante de 85 kilomètres, pour un match de Premier League.
Autre candidat au tableau d’honneur de l’excellence environnementale : le CIO. L’instance olympique promet elle aussi de répondre aux attentes de l’ONU sur le climat, aux échéances 2030 et 2040. Elle a même fixé une étape intermédiaire, les Jeux de Paris 2024, où Thomas Bach annonce une réduction des émissions de 30 %.
A Glasgow, la parole du CIO est portée par l’un de ses membres historiques, à coup sûr l’un des plus crédibles pour s’aventurer sur le terrain du climat et de la durabilité : Albert de Monaco (photo ci-dessus). Le souverain monégasque préside la commission de la durabilité et de l’héritage du CIO. A l’évidence, il connaît son sujet.
Invité à s’exprimer devant les délégués de la COP26, Albert de Monaco a insisté sur le nombre d’organisations sportives (270) signataires du cadre du sport pour le climat (S4CA). « Une base solide sur laquelle s’appuyer« , suggère-t-il. Mais l’ancien pilote de bobsleigh, militant de longue date de la sauvegarde des océans, veut aller plus loin.
« Cette mobilisation est un bon début, mais seulement un début, a-t-il expliqué à Glasgow. Nous sommes dans le sport, nous savons que nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Nous devons toujours viser plus haut. Dans la situation actuelle, où une action décisive sur le climat est plus urgente que jamais, j’appelle encore plus d’organisations sportives à rejoindre le cadre et à s’engager dans une action significative. »
Albert de Monaco l’a rappelé : les prochaines éditions des Jeux olympiques se sont toutes engagées à être neutres en carbone. « À partir de 2030, le CIO a imposé à tous les Jeux olympiques d’être positifs sur le plan climatique« , a-t-il insisté. La barre est haute.