L’aviron n’aime pas les remous. Ses athlètes ont les vagues en horreur. Et ses dirigeants se plaisent dans la stabilité. Le congrès annuel de l’instance internationale de la discipline, World Rowing, n’échappera pas à la tradition. Organisé samedi 6 novembre en mode virtuel, il sera dominé par une élection à la présidence dont le résultat est connu d’avance.
Jean-Christophe Rolland, 53 ans, en place depuis le mois de septembre 2013, sera reconduit pour un troisième mandat de 4 ans. Le Français, champion olympique aux Jeux de Sydney 2000, est seul candidat en lice. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Pourquoi avoir choisi de solliciter un nouveau mandat à la présidence de World Rowing ?
Jean-Christophe Rolland : J’ai mené ma propre réflexion avant de me décider à solliciter un troisième mandat. Elle m’a amené à me dire que les conditions restaient réunies pour que je continue à exercer la présidence de World Rowing, et que je puisse faire encore grandir notre sport. Je suis très engagé dans ce nouveau mandat. Très engagé et très motivé. Je suis même plus motivé que jamais. J’ai écrit aux fédérations nationales, pour annoncer ma candidature, en leur expliquant que le contexte restait difficile et compliqué, mais que nous avions tous les atouts pour continuer à grandir et nous développer. Depuis ma première élection, j’ai gagné en expérience et en connexion avec le mouvement sportif international.
Ce troisième mandat pourrait-il être le dernier ?
Les statuts de World Rowing, révisés en 2017, me permettraient de me représenter une dernière fois en 2025. Mais cette question n’est pas du tout d’actualité. Je n’ai pas de plan à long terme ni de projet ou d’agenda personnel. Je me reposerai la question en 2025.
Dans quelle situation se trouve aujourd’hui World Rowing ?
Nous avons, comme tout le monde, été très fortement affectés par la pandémie. Mais je peux dire aujourd’hui que nous avons su gérer la crise. Il a fallu nous adapter, avancer à vue, mais nous avons pris les bonnes décisions, avec les informations dont nous disposions au moment où les décisions devaient être prises. Nous nous en sommes plutôt très bien sortis. Aujourd’hui, la situation est maîtrisée. Financièrement, nous avons drastiquement réduit nos dépenses. Et nous avons bénéficié d’une aide du CIO et du gouvernement fédéral suisse, elles nous ont permis de gérer le décalage d’une année de la subvention versée au titre des recettes des Jeux olympiques. La situation est désormais maîtrisée. Nous pouvons aborder l’avenir avec sérénité.
Quelle sera la priorité de votre nouveau mandat ?
Assurer la pérennité de notre sport aux Jeux olympiques de Los Angeles 2028 et poursuivre son développement. Cela passe par un élargissement de la communauté de l’aviron au niveau mondial. Nous disposons pour cela de solides atouts et de possibilités exceptionnelles. L’aviron de mer, notamment, peut permettre de développer la pratique dans des zones géographiques où elle était jusque-là difficile.
Où en est votre projet d’introduire l’aviron de mer aux Jeux olympiques ?
Il est toujours d’actualité, mais il ne se fera pas pour les Jeux de Paris 2024, comme nous le souhaitions initialement. Le programme de l’aviron aux Jeux de Paris est connu et gravé dans le marbre. Il a été validé par la commission exécutive du CIO. Elle a pris la décision de ne pas modifier le programme de Tokyo 2020 pour Paris 2024, en raison des conditions très particulières liées à la crise sanitaire. Cette décision était la bonne. Le projet a été mis en stand-by. Mais il n’est pas abandonné. Nous allons reprendre les discussions avec le CIO.
L’aviron de mer pourrait donc faire son entrée dans le programme olympique aux Jeux de Los Angeles 2028 ?
Nous l’espérons. La position du CIO est très claire : il ne veut plus des poids légers, une catégorie très spécifique à notre sport. Nous aurions pu adopter une attitude très défensive, en tentant par tous les moyens de protéger les poids légers. Nous avons opté pour une ambition proactive, en proposant à la place une discipline nouvelle, attractive et en développement dans des pays longtemps à l’écart de notre sport : l’aviron de mer. Les discussions que nous avons menées avec le CIO ont été constructives. Nous n’avons aucune garantie, mais le CIO écoute nos arguments et manifeste un réel intérêt pour cette évolution.