Difficile à prévoir. Depuis le début du mois, le pentathlon moderne occupe l’actualité du mouvement sportif international à un rythme quasi quotidien. Ses dirigeants s’en seraient bien passés, surtout à quelques semaines d’un congrès électif. Mais l’affaire leur échappe.
Lundi 8 novembre, l’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM) s’est fendue d’un nouveau communiqué. Un de plus. L’instance basée à Monaco explique vouloir « clarifier » une situation de plus en plus confuse. Le texte revient sur les informations données par certains médias, suggérant que le choix de la discipline de remplacement de l’équitation, à partir des Jeux de Los Angeles 2028, serait déjà décidé, à défaut d’être connu.
L’es médias en question se sont appuyés sur une intervention de Klaus Schormann, le président de l’UIPM, dans une émission sportive en Allemagne, où il expliquait que le saut d’obstacles ne serait pas remplacé par le cyclisme mais par une autre discipline. « Ce ne sera pas le cyclisme. Mais je ne vais pas encore révéler ce que ce sera », aurait déclaré le dirigeant allemand, cité par le site sportschau.de.
« Inexact« , insiste aujourd’hui l’UIPM dans son communiqué. « Le processus de consultation est ouvert, et je tiens à préciser qu’aucune décision concernant la cinquième discipline n’a été prise, précise Klaus Schormann dans le document publié par l’instance. Nous avons reçu beaucoup de bonnes idées et propositions de notre communauté, ce qui démontre l’opportunité qui s’offre à nous de créer une nouvelle ère pour notre sport olympique. Toutes les propositions seront évaluées par le groupe de consultation, puis par un groupe de travail dédié. »
Les jeux ne seraient donc pas joués. Soit. Mais la grogne monte, notamment parmi les athlètes. Ils ont été plus de six cents, actuels et passés, dont les champions olympiques aux Jeux de Tokyo 2020 (les Britanniques Joseph Choong et Kate French), à co-signer une lettre de défiance envers l’UIPM. Ils réclament le départ de son président, Klaus Schormann, et du comité exécutif.
Face à la fronde, l’instance tente de jouer l’apaisement. Dans son dernier communiqué, publié lundi 8 novembre, elle annonce l’organisation d’une vaste consultation par vidéo, vendredi 12 novembre, où les athlètes auront la possibilité de dialoguer en mode virtuel avec les membres du comité exécutif. Tous les compétiteurs ayant participé à des épreuves estampillées UIPM durant la dernière olympiade (2017-2021) sont conviés. La réunion en ligne « vise à ouvrir le dialogue sur le processus de consultation, afin de fournir plus d’informations sur la décision du comité exécutif« , précise le communiqué.
Suffisant pour ramener le calme dans la maison ? Pas sûr. A moins de trois semaines du congrès de l’UIPM, prévu les 27 et 28 novembre, l’incertitude s’installe quant à l’avenir de l’équipe en place. Klaus Schormann, président de l’instance depuis 28 ans, se préparait à une réélection tranquille et sans suspense. Il est seul candidat pour le poste suprême. Mais le climat actuel pourrait changer la donne, en fragilisant sa position.
Reste l’essentiel : le nouveau visage du pentathlon moderne après les Jeux de Paris 2024. Le cyclisme ne faisant plus partie des options, la consultation ouverte par l’UIPM devra accoucher d’une autre discipline de substitution. Mais le choix s’annonce complexe, l’instance ayant établi des critères nombreux et difficiles à concilier.
Interrogé par France Info, Joël Bouzou, le vice-président de l’UIPM, a donné quelques pistes. « Pourquoi pas quelque chose avec des obstacles, a suggéré le Français, champion du monde en 1987. En tous cas, une discipline qui ne sera pas seulement physique et pas trop énergétique. Il y a déjà la course et la natation pour ça. »
Pas trop physique ni très coûteux. Accessible et spectaculaire. Transportable en voyage et compatible avec le format actuel des compétitions. Séduisant pour les jeunes. Econome en matériel et en logistique… L’UIPM ne devra pas seulement consulter et apaiser ses troupes. Il lui faudra aussi faire preuve de génie.