La phrase du jour, dans le mouvement olympique, est à mettre au crédit d’un Chinois. A moins de 90 jours des Jeux d’hiver de Pékin 2022, elle ne sera sans doute pas la dernière. Mais les propos de Xu Jicheng, l’un des responsables du comité d’organisation, pourraient bien s’installer pour longtemps dans le top 10.
« Rien n’a changé du tout, a expliqué le plus sérieusement du monde l’officiel chinois mardi 9 novembre, à l’occasion d’un point presse organisé en mode virtuel avec le CIO. Rien n’a changé, seulement les mesures de prévention contre le COVID-19. Mais cela reviendra à peu près à enfiler un imperméable« . Tout juste admet-il que ces règles pourraient s’avérer « un peu gênantes. »
A moins de trois mois de l’ouverture, les organisateurs chinois n’ont toujours pas annoncé leur décision définitive quant à la présence de public sur les sites. Ils ont mis en place une bulle sanitaire nettement plus hermétique que celle préparée par les Japonais pour les Jeux de Tokyo 2020. Mais à en croire Xu Jicheng, rien n’a changé. Des Jeux normaux, ou presque, pour les accrédités, une fois enfilé leur « imperméable« .
Difficile à croire. Mais le Chinois insiste. Et il apporte des preuves. Faute de pouvoir quitter la bulle sanitaire, les accrédités aux Jeux de Pékin se verront proposer à l’intérieur à peu près tout ce qu’ils auraient pu trouver à l’extérieur, la population locale en moins. Xu Jicheng l’a détaillé mardi 9 novembre : des bars à bière, des boutiques, des restaurants servant de la nourriture étrangère, et même un marché de la soie. Un Pékin en miniature, donc, reproduit dans une bulle sanitaire pour donner aux visiteurs étrangers l’impression de vivre des Jeux où « rien n’a changé du tout« .
Rassurant ? Pas sûr. Mais Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, l’a reconnu face aux médias : les Jeux de Pékin seront les plus réduits depuis plusieurs décennies en termes de présence étrangère. Le nombre d’accrédités devrait se situer autour de 20 000. Un record.
Pour le reste, les questions demeurent. Le public, surtout. Le comité d’organisation n’a toujours pas annoncé quelle jauge serait imposée pour les spectateurs – exclusivement des résidents chinois – sur les sites de compétition. Il n’a pas non plus dévoilé une date pour le lancement de la billetterie.
Juan Antonio Samaranch, le président de la commission de coordination du CIO pour les Jeux de Pékin 2022, l’admet : « Nous aurions déjà dû résoudre le problème de la billetterie il y a plusieurs semaines. Mais nous avons tous appris ensemble, à la dure, combien il est difficile de faire des plans dans un monde dominé par le COVID. »
Le dirigeant espagnol ne s’en cache pas : le CIO penche nettement en faveur d’une présence de spectateurs sur les sites, même en quantité limitée, pour ne pas revivre une deuxième édition consécutive d’un rendez-vous olympique à huis clos. Mais il reconnait également que la décision n’appartient pas à l’instance. « Nous devons attendre et donner autant de temps que possible à nos homologues chinois pour prendre la bonne décision. Nous ne voudrions pas prendre une décision finale maintenant sur une capacité réduite à cause des cas de COVID en Chine, mais nous ne voudrions pas non plus aller dans l’autre sens. »
Autre zone d’ombre : les voyages. A moins de trois mois de l’ouverture, les vols restent rares pour se rendre en Chine depuis l’étranger. Christophe Dubi a reconnu mardi 9 novembre que la question devrait être réglée sans trop tarder par les chinois, afin de permettre aux délégations, aux médias et aux autres parties prenantes d’organiser leurs déplacements.
Mais le CIO n’a pas attendu pour envoyer à Pékin un premier contingent d’accrédités. « Nous avons déjà un certain nombre de nos collaborateurs d’OBS (la filiale du CIO en charge de la production des images) sur le terrain, mais aussi du personnel des opérations médias et des partenaires impliqués dans les opérations« , a expliqué Christophe Dubi. Tous vivent en bulle. Une habitude.