Visite en outre-mer pour le comité d’organisation des Jeux de Paris 2024. Une délégation du COJO s’est rendue la semaine passée (9 au 12 novembre) à Tahiti, en Polynésie française, où se dérouleront dans moins de 1.000 jours les épreuves olympiques de surf.
En tête de cortège, Etienne Thobois, le directeur général du COJO Paris 2024. Il a expliqué à FrancsJeux les raisons de cette visite dans le Pacifique sud, la première depuis l’officialisation par le CIO du spot de Teahupo’o comme site du surf, l’un des quatre sports additionnels des Jeux de Paris 2024. Et dévoilé les projets du COJO et des autorités tahitiennes pour la réussite des compétitions olympiques.
FrancsJeux : Quel était l’objectif de cette visite de quatre jours en Polynésie française ?
Etienne Thobois : Ils étaient nombreux. Nous n’étions pas revenus à Papeete depuis la phase de candidature. Il était important de revoir les autorités locales, mais aussi les associations et la population de Tahiti. Nous en avons profité pour étouffer quelques idées reçues, qui avaient fait naître certaines inquiétudes sur les questions des constructions et des aménagements prévus. Nous avons rassuré tout le monde, en réaffirmant notre philosophie d’un événement utilisant du temporaire. Nous voulions aussi revoir les conditions topographiques du site et ses opportunités sur le plan technique. Nous l’avons visité, par voies terrestre et maritimes. Enfin, il était important d’engager la population autour du projet olympique, en amenant notamment avec nous les trois drapeaux des Jeux, olympique, paralympique et de Paris 2024. Une cérémonie très émouvante (photo ci-dessus) a été organisée pour leur présentation sur le site de Teahupo’o, fidèle aux valeurs que nous voulons faire passer. Deux des meilleurs surfeurs mondiaux, Michel Bourez et Jérémy Florés, étaient présents pour symboliser l’implication des athlètes.
A moins de 1.000 jours des Jeux de Paris 2024, la préparation du site de surf et de son environnement a-t-elle débuté ?
Elle est déjà très avancée. Une marina sera rénovée. Ses plans nous ont été présentés. Un complexe hôtelier situé à une quinzaine de minutes du site de compétition sera lui aussi rénové. Les permis de construire seront très prochainement déposés. L’alimentation électrique et l’assainissement de l’eau, sur le site, ont été lancés. L’opération était prévue indépendamment des Jeux de Paris 2024. L’événement l’a sécurisée. Cette visite nous a donné l’occasion de rencontrer l’équipe d’organisation du Pro Tahiti, une étape annuelle du championnat du monde de surf. Elle est composée de gens très aguerris à l’accueil d’événements internationaux. L’expertise existe déjà sur place, nous allons nous appuyer dessus.
Que représentent réellement les Jeux de Paris 2024 pour la population de Tahiti, tellement éloignée géographiquement de la métropole ?
Elle est très concernée. Une réunion publique a été organisée au deuxième jour de notre visite, avec les représentants de la société civile. Elle a fait salle comble. Plus de trois heures d’échanges très riches. Les Tahitiens sont très heureux et fiers d’accueillir les Jeux, mais sous conditions. Ils sont très attachés au maintien du mode de vie et du caractère sauvage du site. Nous nous sommes très vite entendus avec eux sur ces questions. Le lendemain, pour la cérémonie des drapeaux, tout le monde est venu.
Comment seront logés les athlètes, les entraîneurs et les officiels pendant les Jeux ?
Nous sommes en cours d’étude sur la question du logement, mais elle ne constituera pas un obstacle. Beaucoup de pensions de famille et de chambres chez l’habitant sont disponibles, souvent utilisées pour le Pro Tahiti. Par ailleurs, le complexe hôtelier qui sera rénové avant les Jeux comptera 200 lits. Sur une distance de 10 km autour du spot, nous aurons de quoi héberger tout le monde. Mais nous allons consulter les athlètes pour déterminer les meilleures options. Ils ont besoin d’être près de la vague, pour la sentir. Michel Bourez sera notre interlocuteur. Tony Estanguet se rendra à son tour à Tahiti, au cours du premier semestre 2022, pour finaliser tout cela et signer les conventions avec le gouvernement polynésien et les collectivités. Nous avons également prévu d’ouvrir un bureau du COJO à Tahiti, pour assurer la coordination.
Les surfeurs vivront les Jeux de 2024 très loin de Paris et du reste des épreuves. Comment faire en sport qu’ils n’aient pas l’impression de disputer à Tahiti un simple championnat du monde ?
Nous réfléchissons à tous les moyens de les associer à certains grands marqueurs des Jeux. La cérémonie d’ouverture, par exemple. Nous voulons installer sur le site de surf tous les moyens pour qu’ils puissent suivre à distance les autres compétitions des Jeux de Paris 2024. L’idée est également de placer le surf en première semaine, afin de permettre aux athlètes qui le souhaitent de rejoindre leur délégation au village et vivre la suite de l’événement au coeur de l’action. Nous allons tout faire pour nous différencier d’une étape du championnat du monde comme le Pro Tahiti, pour que les surfeurs ressentent la magie des Jeux.
Avec un tel éloignement, et un décalage horaire d’une douzaine d’heures, le surf ne risque-t-il pas d’être sous-médiatisé aux Jeux de Paris 2024 ?
Je ne crois pas. La couverture télévisée sera assurée par OBS (Olympic broadcasting services), en charge de la production des images. Les grandes agences de presse auront des correspondants. Toute la communauté médiatique du surf sera présente. Et on peut penser que les grands pays de la discipline, comme le Brésil, les Etats-Unis, la France ou l’Australie, feront l’effort de prévoir une couverture médiatique sur place. Aujourd’hui, nous sommes plus préoccupés par l’organisation du travail des médias sur place, en termes de sécurité et de proximité avec la vague, que par leur absence au moment de l’événement.