Le lieu se voulait symbolique. Le casting également. A moins de 1.000 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, le Premier ministre français, Jean Castex, a réuni lundi 15 novembre en Seine-Saint-Denis, dans la Plaine des sports du Bourget, le deuxième comité interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques. Puis il a pris la route du futur centre aquatique, situé non loin du Stade de France, pour en poser symboliquement la première pierre.
Tout sauf un hasard : ce deuxième comité interministériel s’est tenu trois jours seulement après l’adoption par les députés, dans le cadre de la loi de finances 2022, de la garantie de l’Etat en cas de déficit du comité d’organisation des Jeux de Paris 2024.
Le message est clair : à moins de trois ans de l’échéance, le gouvernement se met en ordre de bataille. La présence lundi 15 novembre d’une dizaine de ministres, dont Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, en dit long sur l’importance du sujet et les enjeux du dossier. « Nous n’aurons pas le droit à l’erreur, il faudra être au rendez-vous« , a insisté Jean Castex.
Comment ? En ratissant large. Très large. Le gouvernement français avait annoncé dès l’année 2019 une série de 170 mesures destinées à relever deux défis majeurs : livrer les Jeux dans les temps et dans le respect du budget, et saisir l’opportunité de laisser un héritage social pérenne. Lundi 15 novembre, Jean Castex en a dévoilé une nouvelle volée. Elles seront mises en œuvre d’ici 2024, afin de favoriser la bonne livraison des Jeux et renforcer son héritage social.
– Création d’une formation dédiée à la sécurité des Jeux afin de pallier le manque d’agents issus des forces publiques.
– Généralisation des « 30 minutes d’activité physique et sportive » à l’école, dans l’intégralité des classes de niveau élémentaire, soit près de 36.000 écoles.
– Développement du sport-santé, avec un dispositif particulier pour les enfants de 3 à 8 ans en surpoids ou obèses, qui pourrait être étendu aux adolescents jusqu’à 12 ans.
– Développement des voies cyclables afin de relier entre eux l’ensemble des sites olympiques et paralympiques, avec un budget de 10 millions d’euros pour accompagner les collectivités locales concernées (48 km de tronçons manquent aujourd’hui sur les 420 km d’itinéraires olympiques).
– 1000 taxis parisiens accessibles d’ici 2024 pour les personnes en fauteuil (ils sont actuellement au nombre de 300).
– Priorité au financement des équipements sportifs.
– Mise à disposition d’une enveloppe de 11 millions d’euros pour le ministère de la Culture pour les Olympiades culturelles. Elles seront lancées dès l’an prochain, avec une première subvention de 2 M€ en 2022, puis un budget de 9 M€ pour la période 2022-2024.
Pratique sportive, sport-santé, sécurité, accessibilité, culture, équipements… Le gouvernement voit grand et large. Jean Castex veut des Jeux « exemplaires« , capables de concilier « sobriété et ambition. »
Reste une question, forcément très médiatique : la cérémonie d’ouverture. Emmanuel Macron, le président de la République, avait pris les devants en annonçant le premier dès l’été dernier, comme une forme d’évidence, qu’elle serait sortie du stade et se déroulerait en plein Paris. Depuis, les services de l’Etat se penchent sur le dossier. Sans surprise, il s’avère d’une extrême complexité, notamment sur le plan de la sécurité.
Prudents, les représentants de la Préfecture poussent pour une jauge de 250.000 personnes, la plus raisonnable à leurs yeux pour assurer la sécurité du public, des athlètes et des officiels. Mais la Mairie de Paris envisage plutôt, de son côté, une célébration la plus ouverte et accessible possible, avec au moins un million de personnes massées le long de la Seine.
Jean Castex a expliqué lundi 15 novembre, au terme du comité interministériel, avoir demandé au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de « faire des propositions avec un calendrier fin 2021 pour la cérémonie d’ouverture, au plus tard en juin 2022 pour l’ensemble des sites. » Pas de temps à perdre, donc.
Quant à Tony Estanguet, le président du COJO Paris 2024, il a souligné d’un trait épais le 13 décembre 2021, date du prochain conseil d’administration du comité d’organisation, pour régler définitivement la question. En clair, avancer à fond sur le concept d’une cérémonie d’ouverture d’un genre inédit aux Jeux olympiques, au coeur de la capitale. Ou y renoncer pour de bon et passer à autre chose.