Et de sept. La suspension de la Fédération russe d’athlétisme (RusAF) a été une nouvelle fois prolongée, mercredi 17 novembre, par le congrès de World Athletics. La Russie restera exclue en tant que nation de l’athlétisme international pour une septième année consécutive.
Sept ans, presque deux olympiades. Le calcul est facile : la nouvelle génération des athlètes russes n’a connu, depuis son passage dans les rangs juniors, que la neutralité, l’incertitude et les dossiers d’éligibilité à remplir tous les ans.
Réuni en mode virtuel, le congrès de World Athletics n’a pas vraiment hésité avant de décider de conserver la Russie à la porte de la salle. Selon le rapport de l’instance, 126 fédérations nationales ont voté pour la prolongation de la suspension de la RusAF, imposée depuis le mois de novembre 2015. Seulement 18 s’y sont opposées. Elles ont été 34 à ne pas se prononcer.
Précision importante : le vote du congrès s’est tenu au terme d’une présentation des deux parties concernées. Les votants ont donc écouté les uns et les autres, Rune Andersen, le patron de la task force de World Athletics sur la Russie, et Irina Privalova, la championne olympique du 400 m haies en 2000, présidente en exercice de la RusAF.
A l’évidence, le rapport délivré par Rune Andersen s’est révélé plus convaincant que l’argumentaire développé par Irina Privalova.
« La RusAF a fait des progrès constants vers le respect des conditions fixées pour sa réintégration au sein de l’athlétisme mondial, a expliqué Rune Andersen. Le groupe de travail estime que ces changements reflètent une nouvelle culture au sein de la RusAF, qui cherche dans l’ensemble à rejeter les pratiques de dopage du passé et à s’engager à concourir proprement à l’avenir. »
Le ciel serait donc en train de s’éclaircir. Et, avec lui, les perspectives de réintégration de l’athlétisme russe. Mais Rune Andersen a prévenu : « Il y a encore des gens dans l’athlétisme russe qui n’ont pas adopté cette nouvelle culture, et il y a encore beaucoup de travail à faire pour que la RusAF fasse en sorte qu’ils n’exercent pas d’influence, et qu’au contraire ce soit la nouvelle génération d’athlètes et d’entraîneurs qui fasse avancer l’athlétisme russe. »
Conséquence : la RusAF reste à sa place, c’est à dire au fond de la salle. Mais elle pourrait être bientôt invitée à s’assoir à nouveau avec les autres fédérations nationales.
La motion votée mercredi 17 novembre par le congrès de World Athletics le précise : la suspension de la RusAF est maintenue « jusqu’à ce que le Conseil statue que toutes les conditions fixées ont été satisfaites aux fins de la levée de la suspension de la RusAF et de sa réintégration« .
Ces conditions à une réintégration, il reviendra à Irina Privalova de les réunir sans perdre de temps. L’ancienne sprinteuse et spécialiste du 400 m haies a été élue à la présidence de la RusAF en février dernier, après un intermède de trois mois du président de la Fédération russe de triathlon, Peter Ivanov. Depuis, elle a choisi une posture humble mais pragmatique.
« Le plan stratégique et la feuille de route de réintégration sont mis en œuvre étape par étape, a-t-elle expliqué devant le congrès, mercredi 17 novembre, en visioconférence depuis Moscou. Le document peut être consulté sur le site Internet de World Athletics, ce qui permettra à tout le monde de constater les changements qui s’opèrent actuellement dans l’athlétisme russe. Nous travaillons dur, il y a encore beaucoup à faire. Mais ce qui domine, chez nous, le sentiment général, est qu’il n’y aura pas de retour vers le passé. »
Rune Andersen l’a expliqué devant le congrès : une fois la suspension levée, le nombre de contrôles antidopages des athlètes russes sera encore augmenté. Ils seront payés par la RusAF.