Tokyo, Pékin, Paris et Los Angeles en faisaient déjà partie. Mais la liste des villes olympiques ne cesse de s’allonger. Milan ajoutera son nom en 2026. La même année, Dakar en deviendra la première issue du continent africain, après avoir accueilli les Jeux d’été de la Jeunesse. Six ans plus tard, Brisbane entrera à son tour dans le cercle.
La huitième édition du Smart Cities & Sport Summit les rassemblera la semaine prochaine (22 au 24 novembre 2021) à Copenhague. Le sommet en mode hybride, dont Thomas Bach sera l’un des premiers intervenants, est organisé par l’Union mondiale des villes olympiques. Son président, Grégoire Junod, maire de Lausanne (photo ci-dessus, avec Thomas Bach), a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Vous serez, avec Thomas Bach, l’un des premiers intervenants du Smart Cities & Sport Summit à Copenhague. Quel message souhaitez-vous faire passer aux représentants des villes du monde entier, dont les villes olympiques ?
Grégoire Junod : Le sommet de Copenhague sera l’une des premières occasions de nous retrouver, en réel, tous ensemble en un même lieu. C’est très important. Nous allons parler de sport et de santé, de la place du sport dans une ville et de la façon dont il peut contribuer à l’amélioration de la vie des habitants. La communauté des villes olympiques est de plus en plus consciente que le sport devient aujourd’hui un outil des politiques de santé publique. Il est un instrument puissant pour l’inclusion, l’intégration, le développement durable… Pour une équipe municipale, le sport va désormais très au-delà de la seule fourniture d’équipements sportifs. A Copenhague, nous allons explorer la thématique du sport santé, et la façon dont le sport peut contribuer à l’avenir de nos villes.
Lausanne est devenue ville olympique en début d’année passée, à l’occasion des Jeux d’hiver de la Jeunesse 2020. Quel impact a eu l’événement sur la vie de la cité et de ses habitants ?
L’impact a été extraordinaire. Même les plus optimistes ne pouvaient pas imaginer que les JOJ 2020 rassembleraient 650.000 personnes, avec des matchs de huitièmes de finale de hockey sur glace féminin joués à guichets fermés ! Cet événement a montré l’envie des gens de se retrouver autour du sport. Mais la pandémie est survenue très vite après la fin. Et elle a brisé la dynamique des Jeux. Les JOJ devaient être suivis à Lausanne par les Mondiaux de hockey sur glace. Ils ont été annulés. Dans les esprits, l’héritage des Jeux de la Jeunesse a été en partie effacé par la crise sanitaire. Nous allons devoir mettre beaucoup d’énergie pour rallumer cette flamme. Mais il reste un héritage en infrastructures, avec une nouvelle patinoire et des équipements de ski de fond de haut niveau.
Lausanne 2020 avait fait le choix d’un événement à moindre coût, aux dimensions modestes et sans grands travaux. Avez-vous le sentiment d’avoir ouvert une nouvelle voie pour le mouvement olympique ?
Nous avons organisé des Jeux plus durables, avec des compétitions gratuites et une utilisation massive des transports publics, y compris pour les athlètes. Une telle option est plus facile à choisir pour des Jeux de la Jeunesse, mais elle n’en était pas moins nouvelle. Nous avons aussi été novateurs en proposant un festival culturel et sportif autour des Jeux. Nous avons montré, je crois, qu’il était possible de construire un événement avec beaucoup de public sans multiplier les coûts et les émissions de CO². Les JOJ de Lausanne ont été vertueux, proches de la population et durables. A ce titre, ils ont été un très bon laboratoire pour le mouvement olympique.
Les Jeux de la Jeunesse vous ont-ils donné envie d’aller plus loin encore, en accueillant à l’avenir des grands événements sportifs ?
Ils ont conforté l’envie de Lausanne d’accueillir des grands événements, c’est certain. Nous allons le faire dès l’été prochain, avec le passage du Tour de France cycliste. A cette occasion, nous n’allons pas nous contenter seulement de fermer la circulation. Nous allons en profiter pour proposer des événement culturels et une promotion du vélo et des mobilités douces à l’échelle de la ville.
Lausanne est capitale olympique. Comment comptez-vous renforcer encore ce label ?
Nous avons toujours la volonté d’accueillir de nouvelles fédérations et instances sportives internationales. Cette volonté a été récemment récompensée par le choix de l’UNESCO d’installer à Lausanne son incubateur de l’Observatoire Femmes et Sport. Mais la place de la ville comme capitale olympique passera aussi par une autre voie : profiter de l’écosystème du mouvement sportif international pour générer de l’activité économique. Cela peut se concrétiser par l’accueil de start-up ou d’incubateurs liés au sport et à la santé. Nous disposons pour cela de nombreux atouts, dont la présence en ville ou dans ses environs de partenaires comme le groupe Nestlé et les entreprises du secteur de l’horlogerie.
La crise sanitaire a conduit le mouvement olympique à passer au mode virtuel pour ses réunions, congrès ou sessions. Cette tendance a-t-elle fortement affecté l’activité économique de Lausanne ?
Oui. Lausanne est une ville de tourisme d’affaires, dont une grande partie est liée au mouvement sportif. L’impact sur l’activité hôtelière a été très fort. Nous accueillons avec soulagement la reprise des activités en mode présentiel du CIO. Il est probable que les fédérations internationales suivront le mouvement. Mais il est impossible aujourd’hui de savoir si tout redeviendra comme avant. Le monde de l’hôtellerie et de l’événementiel devra sans doute s’adapter.