Le nouveau variant Omicron a déjà eu la peau de l’Universiade d’hiver 2021 à Lucerne. Mettra-t-il aussi les Jeux de Pékin 2022 à genoux ?
La question est sur toutes les lèvres. Mais les Chinois se veulent rassurants. Dès mardi 30 novembre, à 66 jours de l’ouverture, ils ont cherché à étouffer dans l’oeuf toute crainte d’un report ou d’une annulation de l’événement.
Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a profité d’une conférence de presse pour trancher la question. « Cela amènera certainement quelques défis en matière de lutte contre l’épidémie, a reconnu Zhao Lijian. Mais la Chine a de l’expérience en la matière. Et je suis pleinement convaincu que les Jeux d’hiver se dérouleront sans souci et comme prévu. »
Même son de cloche dans un camp moins officiel, celui des scientifiques. A en croire Xu Wenbo, spécialiste des virus au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, « la Chine a fait ce qu’il fallait en matière de préparation technologique concernant le variant Omicron. Nous avons de nombreuses options qui ont été lancées, avec des vaccins inactivés, des vaccins à protéine recombinante et des vaccins à vecteur viral qui en sont au stade préliminaire de recherche.«
Le message est clair : la nouvelle vague de la pandémie de COVID-19 ne mettra pas les Jeux de Pékin en péril. Mais les Chinois n’en font pas mystère, le variant Omicron constitue pour les organisateurs un nouveau challenge. Il est pris très au sérieux. Et les amènera à coup sûr à renforcer encore les mesures sanitaires, pourtant déjà présentées comme nettement plus strictes que celles mises en place par les Japonais pour les Jeux de Tokyo.
Comment ? La réponse sera apportée avec la deuxième version des « playbooks » édités par le comité d’organisation. Elle est annoncée pour les jours à venir, à coup sûr avant la fin de l’année.
A ce stade de la préparation, les Chinois ont déjà prévenu que la vaccination serait obligatoire pour tous les accrédités, sous peine d’être soumis à une quarantaine de 21 jours. Ils ont également expliqué que tous les participants aux Jeux d’hiver (athlètes, entraîneurs, officiels, médias…) vivraient dans une bulle sanitaire hermétique, du premier au dernier jour de leur présence en Chine.
Le reste s’annonce à l’avenant. Les transports, notamment. Le comité d’organisation a publié le mois dernier un guide des voyages, précisant dans le détail les conditions d’accès à la Chine. Il en dit long. L’arrivée dans le pays pourra se faire uniquement par l’aéroport international de Pékin. Seuls les vols « temporaires » en provenance d’une dizaine de villes dans le monde pourront transporter des accrédités aux Jeux d’hier 2022. La liste compte un seul aéroport en Afrique (Addis-Abeba), mais aucun sur le continent américain. Pas un seul non plus en Océanie. Les participants aux Jeux issus d’un pays non listé devront donc obligatoirement faire escale dans l’un des 11 aéroports autorisés par les autorités chinoises, avant de rejoindre Pékin.
Un même régime sera appliqué dans les bulles sanitaires. Les témoignages des athlètes ayant fait le voyage en Chine, au cours des dernières semaines à l’occasion d’épreuves pré-olympiques, s’accordent à décrire une obsession des organisateurs chinois à empêcher tout contact avec l’extérieur et à désinfecter tout ce qui peut l’être.
Selon une récente étude de l’Université de Pékin, tout relâchement dans le protocole sanitaire aurait des effets dévastateurs en Chine. En adoptant une stratégie plus souple face à la menace du COVID-19 et de ses variants, comparable par exemple à celle mise en place aux Etats-Unis, la Chine devrait faire face à une envolée de la pandémie. Les experts ont fait leurs comptes : le pays pourrait aller jusqu’à enregistrer plus de 600.000 cas de coronavirus par jour.