La date est symbolique. Elle est aussi une date charnière. Le compte-à-rebours affiche 1.000 jours, ce jeudi 2 décembre, avant l’ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024. Ils se tiendront du 28 août au 8 septembre 2024. Et s’annoncent comme les plus massifs de l’histoire, avec 4.400 athlètes attendus, 22 sports et 549 épreuves au programme, plus de 3 millions de billets à vendre.
Plus de quatre ans ont passé depuis l’attribution à la capitale française de l’événement paralympique. Il en reste désormais moins de trois avant leur ouverture. Quel chemin a déjà été parcouru ? Que reste-t-il à accomplir ? Marie-Amélie Le Fur (photo ci-dessus), la présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF), a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Plus de quatre ans ont passé depuis l’attribution à Paris des Jeux olympiques et paralympiques en 2024. Ressentez-vous déjà un impact de l’événement sur le mouvement paralympique français ?
Marie-Amélie Le Fur : Oui. Ce qu’on ressent le plus, à 1.000 jours de l’ouverture, est que l’aura des Jeux de Paris 2024 ouvre les portes et les esprits. Nous parvenons plus facilement à capter et retenir l’attention des différents acteurs impliqués dans l’événement. Les Jeux nous offrent l’opportunité de rencontrer et discuter avec le mouvement sportif, les pouvoirs publics, l’Agence nationale du sport (ANS), les collectivités, le secteur médico-social… Nous parvenons plus facilement à réunir les gens autour d’une table. Cela nous permet de créer des synergies pour concrétiser les projets que nous avons lancés pour remettre le sport au centre de la vie et du quotidien des personnes en situation de handicap. Pour les mener à bien, nous avons notamment besoin d’une écoute de la part des départements. L’aura des Jeux de Paris 2024 facilite grandement cette écoute, notamment via l’opération Terre de Jeux.
Les Jeux paralympiques de Paris 2024 vous amènent-ils plus de moyens ?
Oui. La convention signée avec l’Etat, et nos relations avec le COJO Paris 2024, nous ont apporté des moyens accrus. Nous pouvons ainsi mener à bien deux projets décisifs pour les Jeux paralympiques et pour l’avenir du mouvement handisport : la détection des talents, avec l’opération La Relève, et le recrutement depuis deux ans d’au moins un référent paralympique salarié par région française. Ces moyens supplémentaires nous permettent aussi de mieux accompagner nos 42 fédérations sportives pour le développement d’un modèle de pratique parasportive.
L’effet Paris 2024 se fait-il sentir en matière de pratique sportive chez les personnes en situation de handicap ?
Il n’est pas possible de répondre avec précision à cette question, car nous ne disposons pas de statistiques sur le taux de pratique dans un grand nombre de disciplines handisports. Aujourd’hui, il reste très difficile de référencer les pratiquants car ils ne prennent pas toujours une licence. Cela constitue d’ailleurs un axe de travail important pour nous : comment mieux connaître notre public. Ce travail nous permettra de dresser un tableau plus précis de la pratique. Nous pourrons ainsi mieux aider les fédérations à financer non seulement la haute performance, mais aussi les autres niveaux de pratique, pour être capables, à terme, de détecter et sortir les athlètes paralympiques de demain.
A 1.000 jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024, que reste-t-il à accomplir ?
Réussir l’héritage. Faire en sorte qu’il y ait un avant et un après Paris 2024 pour la pratique sportive chez les personnes en situation de handicap. Paris 2024 doit enclencher un véritable changement. A terme, chacun devra pouvoir trouver à proximité de chez soi un club sportif para accueillant. A 1.000 jours de l’ouverture, il faut aussi travailler sur l’accessibilité des équipements sportifs. Enfin, il est très important de valoriser notre offre sportive. Demain, les gens devront pouvoir se dire que la pratique sportive est possible quel que soit leur niveau de handicap. Le sport doit devenir un réflexe.
Comment se présente aujourd’hui le « dernier kilomètre », l’accès immédiat aux sites de compétition pour les futurs acteurs et spectateurs des Jeux de Paris 2024 ?
Il constitue un véritable enjeu. Le COJO souhaite que les Jeux de Paris 2024 soient exemplaires en matière d’accessibilité universelle. Cette question du « dernier kilomètre » est cruciale pour atteindre cette ambition. Dès maintenant, chaque acteur impliqué dans la préparation de l’événement, aux côtés du comité d’organisation, doit faire en sorte que cette accessibilité se mette en place.
A 1.000 jours de l’ouverture, parle-t-on assez des Jeux paralympiques ?
L’idée n’est pas de comparer les Jeux olympiques et paralympiques, mais plutôt d’arriver à une couverture médiatique à la hauteur des efforts, des sacrifices et des performances des athlètes paralympiques. Nous aimerions qu’on en parle plus, qu’on les valorise, que la lumière médiatique ne soit pas seulement allumée une fois tous les deux ans. Il faut habituer le public aux noms et aux parcours des athlètes paralympiques par des reportages, des magazines et des décryptages en amont de l’événement. L’appel d’offres a été lancé pour les droits audiovisuels des Jeux paralympiques de Paris 2024. L’enjeu, au moment du choix, ne sera pas seulement la couverture des compétitions, mais l’accompagnement sur la durée des athlètes paralympiques et de leurs disciplines.