Quel rôle joue le CIO ? Après avoir été la première organisation étrangère, la seule à ce jour, à pouvoir parler à la joueuse chinoise Peng Shuai depuis ses révélations d’agressions sexuelles, l’instance olympique a renouvelé la démarche, mercredi 1er décembre. Un second scoop, en somme. Mais, dans les deux cas, sa position interroge et fait naître les critiques.
Le CIO l’a dévoilé jeudi 2 décembre via un communiqué très sobre : l’une de ses équipes a eu un deuxième échange vidéo avec Peng Shuai. Il a eu lieu mercredi 1er décembre. Il fait suite à la conversation d’une trentaine de minutes entre Thomas Bach et la joueuse chinoise, organisée en vidéoconférence le 21 novembre.
A la différence du premier échange, largement médiatisé et illustré par une image de la rencontre, ce deuxième appel n’a pas été l’objet de la part du CIO de la moindre photo. Le communiqué publié par l’instance olympique ne comporte pas non plus de citation de l’ancienne numéro 1 mondiale en double.
Mais le reste révèle les mêmes manquements. Aucune mention aux allégations d’agression sexuelle de la joueuse de tennis contre un haut dignitaire du Parti communiste chinois, Zhang Gaoli. Aucun détail sur la façon dont l’échange a été organisé. Enfin, pas la moindre question sur la situation actuelle de Peng Shuai et les probables pressions exercées par les autorités chinoises.
Dans son communiqué, le CIO explique que l’échange organisé mercredi 1er décembre « reconfirme » que la jeune femme « semble être en sécurité et en bonne santé. » L’instance explique également qu’une rencontre en personne est « d’ores et déjà convenue en janvier. » Elle devrait se tenir en Chine, avant le début des Jeux de Pékin, après l’arrivée dans le pays de Thomas Bach.
Insuffisant ? Sans doute. Tous les observateurs le pointent du doigt : l’attitude du CIO tranche fortement avec la position nettement plus ferme adoptée par la WTA. L’Association des joueuses professionnelles de tennis a annoncé cette semaine, par la voix de son président et directeur exécutif, Steve Simon, sa décision de suspendre tous ses tournois prévus en Chine en 2022.
A la différence de la WTA, dont la fermeté face à la Chine est unanimement saluée, le CIO essuie les critiques depuis son premier échange en vidéo avec Peng Shuai. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme lui reprochent de faire le jeu du régime de Pékin, voire d’en être complice.
L’instance olympique répond à sa manière, lisse et feutrée, dans son communiqué du jeudi 2 décembre. « Il existe différentes façons de s’assurer de son bien-être et de sa sécurité, suggère le CIO. S’agissant de sa situation, nous avons adopté une approche très humaine et centrée sur la personne. Étant donné qu’elle a participé trois fois aux Jeux olympiques, le CIO aborde ces préoccupations directement avec les organisations sportives chinoises. Nous faisons le choix de la diplomatie discrète qui, compte tenu des circonstances et sur la base de l’expérience des gouvernements et d’autres organisations, est indiquée comme étant la manière la plus judicieuse de procéder efficacement pour de telles questions. »
La « diplomatie discrète« , par opposition à la politique du poing sur la table choisie par la WTA. Deux approches différentes. Reste à savoir si, comme le prétend le CIO, la première des deux sera la plus judicieuse et efficace.