Joe Biden peut se frotter les mains : son boycott diplomatique des Jeux d’hiver de Pékin fait des émules. Après l’Australie, dont le gouvernement a été le premier à emboîter le pas du locataire de la Maison Blanche, deux autres pays ont rejoint le mouvement. Le Royaume-Uni, puis le Canada, ont annoncé mercredi 8 décembre leur décision ne pas envoyer de délégation officielle en février prochain à Pékin.
A l’image de l’Australie, dont l’annonce est venue du Premier ministre Scott Morrison, Britanniques et Canadiens ont laissé leurs leaders respectifs se charger de délivrer le message.
Boris Johnson, le Premier ministre britannique, a profité de la séance hebdomadaire de questions au Parlement pour exprimer la position de son gouvernement. Il a annoncé l’absence de toute représentation officielle aux Jeux d’hiver de Pékin, mais rappelé que le boycott sportif n’était « pas la politique » de son gouvernement.
Quelques heures plus tard, le Canada s’est joint au groupe des alliés des Etats-Unis dont l’absence se fera remarquer le 4 février prochain à la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de Pékin. Justin Trudeau, le Premier ministre, a annoncé à son tour en conférence de presse la décision de son gouvernement d’un boycott diplomatique de l’événement olympique. « Nous sommes profondément troublés par les violations des droits humains du gouvernement chinois », a-t-il reconnu.
Dans la foulée, le Comité olympique canadien (COC) s’est fendu d’un communiqué pour commenter l’annonce des autorités. « Nous comprenons et respectons la décision du gouvernement de ne pas envoyer de missions diplomatiques aux Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2022 à Pékin, écrit le COC dans une déclaration également signée par le Comité paralympique canadien. Nous reconnaissons aussi comment cette annonce établit une importante distinction entre la participation des athlètes et celle des représentants du gouvernement aux Jeux. »
Lesquels suivront ? Difficile à dire. Interrogée au lendemain de l’annonce américaine, la présidence de la République française a laissé entendre que sa décision n’était pas prise, mais qu’elle ne dépendrait pas de la position des Etats-Unis. Emmanuel Macron comptait parmi les rares chefs d’Etat présents l’été dernier à l’ouverture des Jeux de Tokyo. Une présence largement justifiée par la perspective de recevoir à Paris la prochaine édition des Jeux d’été.
Le gouvernement japonais a annoncé lui aussi vouloir se donner le temps de l’analyse et de la réflexion avant de prendre une position officielle sur les Jeux de Pékin 2022.
Qu’en pensent les Chinois ? A l’évidence, ils s’en moquent. Après l’annonce des Etats-Unis d’un boycott diplomatique, l’ambassade de Chine à Washington avait rappelé non sans ironie que son pays n’avait pas envoyé d’invitation officielle à la Maison Blanche pour assister aux Jeux de Pékin. Pour le régime chinois, le boycott diplomatique sortait donc de « nulle part« .
Mercredi, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a repris à peu près les mêmes mots pour commenter la décision des Australiens de tourner eux aussi le dos à la Chine. « Tout le monde se fiche de savoir s’ils viennent ou non, a-t-il lancé en référence aux officiels australiens. Leur politique politicienne et leurs petits jeux ne changeront rien à la réussite des Jeux Olympiques. »
Entre les deux camps, le CIO se garde bien de choisir. L’instance olympique campe solidement sur sa position de neutralité politique, la seule qui soit tenable à moins de deux mois de l’ouverture des Jeux de Pékin, un événement censé amener 300 millions de Chinois à se mettre aux sports d’hiver.
Thomas Bach l’a répété une nouvelle fois face aux médias, mercredi 8 décembre, au terme de la deuxième journée de la réunion de la commission exécutive : « La présence des officiels est une pure décision politique. Le principe de neutralité s’applique pour le CIO. »
Le dirigeant allemand a insisté : « Nous nous préoccupons des athlètes qui sont soutenus par leur gouvernement, le reste est de la politique. Si nous devions commencer à prendre des positions politiques, nous ne ferions jamais venir les 205 ou 206 comités nationaux olympiques aux Jeux. Ce serait la politisation des Jeux olympiques, et ce serait la fin des Jeux olympiques ».