Jolis cadeaux de fin d’année. Trois disciplines invitées aux Jeux de Tokyo 2020 et Paris 2024 dans le camp des sports additionnels devraient, sauf improbable scénario, intégrer le programme officiel des Jeux de Los Angeles 2028. Mais, perspective moins réjouissante, trois fédérations internationales se voient menacées de quitter la famille olympique à la même échéance.
Réunie pour la dernière fois de l’année en mode virtuel, la commission exécutive du CIO a planché jeudi 9 décembre sur la question toujours très redoutée du programme des Jeux d’été. Le résultat de ses travaux a fait trois heureux. Mais elle en a plongé trois autres dans le doute et l’angoisse.
Dans le camp des vainqueurs, le surf, l’escalade et le skateboard. Invités pour la première fois aux Jeux de Tokyo au titre des sports additionnels, ils ont été prolongés pour Paris 2024 dans la même catégorie. Un statut enviable mais très aléatoire. Sous réserve de validation par la 139ème session du CIO, qui doit se réunir en marge des Jeux d’hiver de Pékin, le surf, l’escalade et le skateboard deviendront sports officiels aux Jeux de Los Angeles en 2028. Ils seront ajoutés à la liste des 28 sports proposés pour les Jeux d’été en Californie.
La raison tient en un mot : la jeunesse. Le CIO n’en fait pas mystère : les trois nouveaux venus apportent à l’événement olympique une touche d’innovation et un rajeunissement dont les Jeux ont grand besoin. Ils présentent également l’avantage de posséder des « racines profondes en Californie« . Le surf, notamment, a été élevé au rang de sport individuel de l’Etat, un statut qui lui assurait a priori de rester dans la place à Los Angeles en 2028.
Les battus, maintenant. Par un jeu des chaises musicales, ils sont également au nombre de trois : la boxe, l’haltérophilie et le pentathlon moderne. La commission exécutive du CIO les a écartés de la liste des 28 sports à proposer à la session en février prochain à Pékin. Mais, précision importante, ils ne sont pas définitivement rayés de la carte. Leur présence est seulement soumise à condition.
Sans hésitation, la sort du pentathlon moderne se révèle le moins désespéré. Sa fédération internationale, l’UIPM, a créé l’événement le mois dernier en décidant de retirer l’équitation de la liste de ses cinq disciplines. Le CIO a assisté en spectateur attentif à la polémique née de cette révolution de palais.
Jeudi 9 décembre, sa commission exécutive a placé le pentathlon moderne entre parenthèses pour les Jeux de LA 2028. « L’UIPM doit finaliser sa proposition de remplacement de l’équitation et du format global de la compétition et apporter la preuve d’une réduction significative des coûts et de la complexité ainsi qu’une amélioration dans les domaines de la sécurité, de l’accessibilité, de l’universalité et de l’attrait pour les jeunes et le grand public« , explique le CIO. La balle est désormais dans le camp de l’UIPM. Ses dirigeants devront sortir de leur chapeau un cinquième sport répondant aux attentes du CIO. Pas simple. Mais l’avenir de la discipline en dépend.
La boxe semble nettement moins bien lotie. Dans son cas, il ne s’agit pas de revoir son allure, mais d’en finir avec un passé que le CIO aimerait voir rayé une bonne fois pour toutes. L’instance olympique l’explique : « L’AIBA doit apporter la preuve qu’elle a répondu avec succès aux préoccupations actuelles concernant sa gouvernance, sa transparence financière, sa durabilité et l’intégrité de ses processus d’arbitrage et de jugement. »
Le nouveau président de l’AIBA, le Russe Umar Kremlev, multiplie les annonces (et les voyages) dans l’espoir de redonner à son organisation une image plus présentable. Mais à en juger par les derniers échanges entre les deux parties, le CIO n’est pas encore convaincu.
Enfin, reste le cas de l’haltérophilie. L’autre mauvais élève du mouvement olympique semblait moins menacé que la boxe. A la différence de l’AIBA, son instance internationale, l’IWF, n’a pas été suspendue par le CIO. Mais la menace n’en reste pas moins aussi sérieuse, sinon plus.
Le CIO l’a expliqué jeudi 9 décembre : « L’IWF et ses futurs dirigeants doivent apporter la preuve de leur transition vers la conformité et un changement effectif de culture. En outre, la fédération internationale doit s’attaquer avec succès à la problématique du dopage de longue date dans son sport et garantir l’intégrité, la solidité et l’indépendance totale de son programme antidopage. »
A la différence de l’AIBA, l’IWF n’a toujours pas été capable d’organiser des élections et de se doter d’un président élu. Face à la menace brandie par le CIO, elle devra s’y atteler au plus vite, au risque de disparaitre des radars olympiques.
Pentathlon moderne, boxe et haltérophilie pourront intégrer la liste des sports au programme des Jeux de Los Angeles lors de la session du CIO en 2023, sous réserve d’avoir présenté à la commission exécutive de l’instance une copie sans ratures.
Quant aux sports additionnels, leur concept n’est pas abandonné. Le comité d’organisation des Jeux de LA 2028 conserve la possibilité d’en proposer au CIO. Mais en restant dans le quota de 10.500 athlètes. Et sans s’écarter de la priorité d’une réduction des coûts et de la complexité de l’accueil des Jeux.