Le projet semblait fou, sa réalisation périlleuse et sa faisabilité incertaine. Il est aujourd’hui réalité. Vendredi 26 juillet 2024, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris sortira du stade. Une première dans l’histoire de l’événement. Elle se déroulera sur un fleuve, la Seine. Une autre première. Elle sera en partie gratuite, accessible à 600.000 spectateurs. Encore une première.
A moins de 1.000 jours de l’événement, le conseil d’administration du COJO Paris 2024 en a adopté lundi 13 décembre le principe, le concept et les grandes lignes. Il a également validé le partage des responsabilités entre les différents acteurs.
Le résultat fait déjà saliver. Mais le chemin a été long et tortueux pour « aligner » toutes les parties concernées. La sécurité, notamment, a longtemps fait tousser les représentants de la Préfecture de Police de Paris. Thierry Reboul, le directeur exécutif Marque, Événements et Cérémonies du comité d’organisation, le reconnait : une cinquantaine de réunions ont été nécessaires pour mettre tout le monde d’accord.
Tout a commencé au début de l’année 2019. L’équipe de Thierry Reboul a planché sur l’idée d’une cérémonie d’ouverture hors du stade, en pleine ville. Très vite, la Seine s’est imposée comme le meilleur terrain d’expression. « Pendant près de deux ans, jusqu’à la fin 2020, nous avons mis des idées sur le papier, en travaillant sur des visuels« , raconte Thierry Reboul. Tout a été étudié, analysé et chiffré. Le fleuve a été cartographié sur toute sa longueur parisienne, pour s’assurer que le projet était réalisable.
La suite ? Une année 2021 consacrée pour l’essentiel à réunir à un rythme régulier tous les acteurs potentiels de ce défi olympique, jusqu’à à aboutir cet automne à un accord autour du concept, ses chiffres et ses conditions. Ils ont été présentés, lundi 13 décembre, au conseil d’administration du COJO Paris 2024. Le projet n’en est plus un. Il est entré dans l’histoire.
Le résultat tient aujourd’hui en une quinzaine de visuels, présentés lundi en conseil d’administration. Ils laissent une grande place à l’imagination. Mais les grandes lignes de la soirée sont désormais connues :
- Les athlètes défileront sur la Seine sur plus de 160 bateaux, d’est en ouest, sur un trajet de 6 km entre le pont d’Austerlitz et le pont d’Iéna. Une zone d’embarcation de 3 km est prévue en amont de la parade. En bout de parcours, une même distance leur permettra de débarquer pour rejoindre l’esplanade du Trocadéro, où se déroulera la partie protocolaire (discours et serments, défilé du drapeau, allumage de la flamme…). Grande nouveauté : le défilé des athlètes ouvrira la cérémonie. Les compétiteurs pourront donc assister à l’ensemble du spectacle, voire s’en échapper et rejoindre assez tôt le village olympique, en cas d’épreuve dès le lendemain.
- Les spectateurs pourront assister à la cérémonie depuis les quais de la Seine. Deux zones distinctes sont prévues : les quais bas, les plus proches du fleuve, où seront installés les détenteurs de billets payants ; les quais hauts, un rang au-dessus, accessibles gratuitement au plus grand nombre. Au total, le public devrait compter 600.000 personnes, soit 10 fois la capacité du Stade de France en configuration cérémonie d’ouverture.
- Le spectacle se déroulera en déambulation, sur l’eau, les artistes prenant place sur une dizaine de barges pour raconter une histoire de la France et de Paris, en mélangeant le passé et la modernité. Mais il sera aussi plus fixe. Les huit à dix ponts le long du parcours seront utilisés comme des « balcons sur l’eau » pour dérouler des séquences artistiques et des démonstrations sportives. Pas moins de 80 écrans géants seront installés sur les 6 km de la déambulation. Les quais seront intégralement sonorisés. Les monuments de Paris seront également mis à contribution pour entrer dans l’histoire, à la façon d’un son et lumière, avec une projection d’hologrammes sur les bâtiments. Thierry Reboul l’explique : « Nous allons raisonner en plusieurs dimensions, avec l’eau, l’air, les toits de Paris… »
- La cérémonie d’ouverture devrait durer 3 heures et demie, dont une heure pour le spectacle artistique et sportif. Malgré son originalité et ses conditions inédites, le défilé des athlètes n’imposera aucune limite de nombre. Les délégations pourront défiler dans leur intégralité.