La parité n’est pas pour demain dans le mouvement olympique. Mais 2021 pourrait bien rester dans les mémoires comme l’année des femmes. Douze mois où les dirigeantes ont gagné du terrain et parfois même réussi à s’emparer de plusieurs bastions jusque-là hors de leur portée.
Les exemples sont nombreux. Au CIO, Nicole Hoevertsz a été élue à la vice-présidence, une position qu’elle partage au sein de la commission exécutive avec l’Australien John Coates, le Singapourien Ng Ser Miang et le Chinois Zaiqing Yu. L’ex fondeuse finlandaise Emma Terho a prolongé la lignée féminine à la présidence de la commission des athlètes, en succédant à Kirsty Coventry, laquelle avait déjà remplacé l’Allemande Claudia Bokel.
La Suédoise Petra Sörling a remporté en fin d’année, sans opposition, la course à la présidence de la Fédération internationale de tennis de table (ITTF). Elle est la première femme à diriger l’instance depuis sa création. Elle rejoint l’Espagnole Marisol Casado (World Triathlon) et une autre Suédoise, Annika Sörenstam (Fédération internationale de golf), dans le cercle encore très étroit des femmes présidentes d’une fédération internationale d’un sport olympique d’été.
Au niveau national, trois femmes ont marqué l’histoire de leur mouvement olympique. Brigitte Henriques (photo ci-dessus) a ouvert la voie, en juin dernier, en devenant la première femme à présider le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Au Mexique, María José Alcalá a réussi la même prouesse. Enfin, l’Israélienne Yael Arad a ouvert à son tour une brèche en devenant la première présidente du comité national olympique, après avoir été la première médaillée olympique de l’Etat d’Israël.
Au terme d’une telle année, le choix était vaste pour désigner la femme de l’année dans le mouvement olympique. Les dix-neuf membres du jury composé par FrancsJeux en ont choisi deux. La Française Brigitte Henriques et la Japonaise Seiko Hashimoto (photo ci-dessous) ont été classées ex aequo, avec pour chacune 42 % des suffrages. Une égalité parfaite, un double trophée parfaitement mérité.
A leur façon, très différente, l’ex joueuse de football française et l’ancienne patineuse de vitesse et cycliste sur piste japonaise ont marqué l’histoire. Brigitte Henriques, 50 ans, a remporté haut la main, le 29 juin, l’élection à la présidence du CNOSF. Vice-présidente de l’instance depuis 2017, mais aussi vice-présidente de la Fédération française de football (FFF), elle a écarté la concurrence dès le premier tour du scrutin. Avec 57,87 % des voix (577 sur 1018), elle a devancé l’ex judoka Thierry Rey (19,26 %), Emmanuelle Bonnet-Oulaldj (16,05 %), et Patrice Martin (6,82 %).
Seiko Hashimoto a connu une année 2021 pleine de surprises. Jusqu’au mois de février, elle était membre du gouvernement japonais en qualité de ministre des Jeux olympiques. Mais les propos sexistes du président du comité d’organisation des Jeux de Tokyo, Yoshiro Mori, ont bousculé sa trajectoire. L’ex Premier ministre écarté sans ménagement, Seiko Hashimoto s’est vue proposer le poste présidentiel. A moins de six mois de l’événement, alors que le maintien des Jeux était loin d’être acquis, elle a accepté de relever le défi. Audacieux.
Elue pour un mandat de quatre ans, Brigitte Henriques conduira le mouvement olympique français au moins jusqu’au Jeux de Paris en 2024. Historique depuis le premier jour, sa présence à la tête du CNOSF le restera tout au long d’une olympiade qui pourrait transformer à jamais le sport français.
La destinée de Seiko Hashimoto semble plus incertaine. Mais la multiple olympienne a déjà annoncé son prochain défi : la candidature de Sapporo aux Jeux d’hiver en 2030. Elle se verrait bien assurer la présidence du comité d’organisation en cas de victoire japonaise. Une autre façon de marquer l’histoire.