Les années olympiques sont souvent propices aux révolutions de palais. Les têtes changent. L’histoire avance. Malgré le report d’une année des Jeux de Tokyo, 2021 n’a pas fait exception.
Le mouvement olympique a salué au cours des douze derniers mois le départ d’une poignée de présidents de fédération internationale ou d’association continentale. Pour la plupart, ils ont laissé la place de leur propre initiative. Dans cette catégorie, citons les Suisses René Fasel au hockey sur glace (IIHF) et Gian Franco Kasper au ski (FIS), l’Allemand Thomas Weikert au tennis de table (ITTF), l’Espagnol Jose Perurena au canoë-kayak (ICF), l’Uruguayen Julio César Maglione à la natation (FINA).
Parmi les nouveaux venus, le jury de FrancsJeux a choisi Luc Tardif. Le Franco-canadien, élu en septembre dernier à la présidence de l’IIHF, a recueilli 37 % des suffrages. Assez pour devancer les quatre autres nominés : le Suédois Johan Eliasch, nouveau président de la FIS (Fédération internationale de ski) ; le Sud-Africain Patrice Motsepe, élu à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF) ; la Suédoise Petra Sörling, première femme à diriger l’ITTF ; la Finlandaise Emma Terho, nouvelle présidente de la commission des athlètes du CIO.
De son propre aveu, Luc Tardif n’était pas le favori pour succéder à René Fasel, en place depuis 27 ans. L’ancien joueur professionnel de hockey sur glace, originaire de Trois-Rivières au Québec, installé en France depuis plus de 40 ans, l’avait confié à FrancsJeux pendant la campagne : « Je n’étais pas partant au départ. Mais j’ai été sollicité pour me porter candidat. Je ne voulais pas rester en salle d’attente. Je voulais être acteur. »
Au terme de quatre tours de scrutin, son audace a été payante. Luc Tardif a devancé son ultime rival, l’Allemand Franz Reindl, par 67 voix contre 39. L’Allemand était pourtant présenté comme le favori, pour être soutenu par le clan russe et désigné par René Fasel. Il bénéficiait également de l’avantage du terrain, le congrès électif de l’IIHF étant organisé à Saint-Pétersbourg.
Agé de 68 ans, Luc Tardif s’est construit un parcours de joueur puis de dirigeant sportif sans jamais chercher à forcer l’allure. Ancien joueur, passé par le Canada dans les rangs universitaires, puis les Pays-Bas, la Belgique et la France (Chamonix et Rouen), il est devenu en 2006 le tout premier président de la Fédération française de hockey sur glace, après le départ de la discipline de la Fédération française des sports de glace (FFSG).
Deux ans plus tard, il intègre l’instance internationale au sein du comité des compétitions. Puis il accède au Conseil de l’IIHF en 2012. Avant de s’installer sur le siège présidentiel, il en assurait depuis cinq ans le rôle de trésorier.
Interrogé sur son parcours au soir de sa victoire à l’élection pour la présidence de l’IIHF, Luc Tardif a expliqué sans rouler des mécaniques : « Comme dans n’importe quoi d’autre, tu mets un pied devant l’autre et, petit à petit, tu te fais connaître. »
Désigné chef de mission de la délégation française aux Jeux d’hiver de Sotchi 2014 puis de PyeongChang 2018, Luc Tardif vivra le prochain rendez-vous olympique dans une toute autre position. L’annonce bientôt officielle du renoncement de la NHL à libérer ses joueurs lui compliquera la tâche. Il espérait profiter de leur présence pour booster la pratique du hockey sur glace en Chine, et plus largement sur le continent asiatique. Il devra faire sans. Mais le Franco-canadien n’est pas homme à se laisser abattre par un premier coup dur.