La Suisse n’aura sans doute jamais assez de mots pour remercier Pierre de Coubertin. Elle doit au baron français d’abriter depuis 1915, à Lausanne, le siège du CIO. A l’époque, le déménagement de l’instance olympique dans le canton de Vaud, en pays neutre, avait pu sembler anecdotique. Aujourd’hui, il a pris l’allure d’un jackpot.
Un rapport de l’Académie internationale des sciences et techniques du sport (AISTS), publié mardi 18 janvier par la ville de Lausanne et le canton de Vaud, puis relayé par le CIO, illustre avec de généreuses brassées de chiffres l’impact économique en Suisse de la présence de l’instance olympique et des 53 autres organisations sportives internationales. Il dépasse le milliard de francs suisses.
Cette étude est la troisième du genre. La première avait compilé les données de la période entre 2004 et 2007. La seconde couvrait les années 2008 à 2013. La nouvelle version a analysé les retombées entre 2014 et 2019. Avant la crise sanitaire, donc. Pas sûr que la prochaine étude affiche un même état de forme.
Premier chiffre : les retombées économiques de la présence physique en Suisse du CIO et des autres organisations sportives internationales ont augmenté de 57 % entre 2014 à 2019, par rapport à la période antérieure. Très fort.
Elles pèsent désormais 1,68 milliard de francs suisses par an (1,62 milliard d’euros au cours actuel), contre 1,07 milliard pour la période 2008-2013. Le canton de Vaud, où est située la ville de Lausanne, en a reçu la meilleure part, avec 873 millions de francs suisses annuels (550 millions pour la période 2008-2013). Normal, puisque le canton héberge 46 des 53 organisations sportives internationales recensées en Suisse.
Le district de Lausanne se révèle également très bien servi, avec un impact économique de 550 millions de francs suisses, lui aussi en très forte hausse (250 millions entre 2008 et 2013).
L’emploi, maintenant. Jackpot, également. En 2019, les 53 organisations sportives internationales basées en Suisse employaient 3.343 personnes. La courbe de l’emploi affiche une belle envolée, les salariés du mouvement sportif internationale étant seulement 2.249 en 2014.
Plus de 75 % de ces employés travaillaient en 2019 pour le CIO ou pour des organisations soutenues financièrement par l’instance olympique. Parmi eux, 1.836 vivaient dans le canton de Vaud. La FIFA et l’UEFA complètent le trio de tête des instances employant le plus grand nombre de salariés en Suisse.
Le rapport de l’AISTS révèle également que les salaires, contributions sociales et impôts liés directement ou indirectement aux emplois des organisations sportives internationales génèrent un impact économique de près de 381 millions de francs suisses en moyenne annuelle (423 millions pour l’année 2019), dont près de 57 millions de francs au seul titre de l’impôt sur le revenu perçu dans le canton de Vaud en 2019.
Le tourisme, maintenant. Jackpot, encore une fois. Le mouvement olympique pèse en moyenne 44.600 nuitées par année en Suisse. Revenu généré : 29 millions de francs. A cela, il faut ajouter les 220.000 visiteurs par an enregistrés au Musée olympique de Lausanne.
Enfin, l’investissement. A l’image du CIO, dont le nouveau siège a été inauguré en juin 2019 à l’occasion de son 125ème anniversaire, les instances sportives aiment la pierre. Elles ont investi la valeur de 292 millions de francs suisses, au titre de la construction, entre 2014 et 2019.
Conséquence logique : les Suisses se frottent les mains. Tous les Suisses, pas seulement les comptables du service des impôts. Un sondage d’opinion réalisé dans le cadre de l’enquête révèle que 77% des personnes interrogées résidant en Suisse romande « accordent de l’importance à la présence du sport international en Suisse« . Elles sont 93 % à avouer savoir que le siège du CIO est installé à Lausanne.