A moins d’une semaine de l’ouverture des Jeux de Pékin 2022 (4 au 20 février), le CIO se met en ordre de bataille. Thomas Bach, le président, a précédé le mouvement en arrivant dès samedi 22 janvier à Pékin. Les autres membres ont suivi, ou le feront dans les prochaines heures. Le session de l’instance doit se dérouler en deux temps, jeudi 3 février, puis samedi 19 février.
Entrée au CIO en 2019, l’ancienne présidente du Costa Rica, Laura Chinchilla (photo ci-dessus), a profité de ses premiers Jeux d’hiver comme membre de l’instance pour signer une tribune. FrancsJeux en publie la version française en intégralité.
« Après plus de 12 mois catastrophiques liés à la pandémie de COVID-19, et avec une année de retard, Tokyo a accueilli avec succès les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2020 en juillet 2021, mais sans spectateurs. En février 2022, ce sera au tour de Beijing d’accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver, à nouveau au milieu d’une nouvelle vague mondiale de COVID-19 due au variant Omicron.
Comme dans des nombreux autres secteurs, les dernières années se sont avérées difficiles pour le sport. Malgré les défis auxquels ils ont été confrontés, les athlètes – et les organisations sportives nationales et internationales qui les soutiennent – ont fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et de résilience. L’impact des Jeux Olympiques est énorme. Non seulement en termes financiers, puisque 90 % des revenus du Comité International Olympique (CIO) sont redistribués pour soutenir les athlètes et les organisations sportives dans le monde, mais aussi en termes de ce qu’ils symbolisent. Selon la Charte olympique, les Jeux représentent les qualités « du corps, de la volonté et de l’esprit », qui doivent être chéries aujourd’hui plus que jamais.
Cette même Charte précise également que l’Olympisme a été conçu pour « mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine. » En d’autres termes, l’Olympisme reconnaît que nous vivons dans un monde où les conflits et les menaces à la dignité humaine persistent. Il ne s’agit pas d’un défilé ou d’un spectacle vide de sens ou d’une prise de conscience des problèmes les plus urgents de l’humanité. Au contraire, le sport s’est avéré historiquement être l’une des ressources les plus puissantes pour surmonter les divisions entre les peuples et pour affirmer les principes d’égalité et de non-discrimination.
C’est pour ça que les Jeux Olympiques ne doivent pas devenir un instrument politique permettant aux gouvernements ou ses dirigeants d’alimenter leurs agendas nationaux, couvrir les abus ou résoudre ses différences diplomatiques. Les boycotts ou les appels à l’instrumentalisation politique des Jeux ne ciblent pas seulement la mauvaise tribune – souvent avec des résultats maigres ou contre-productifs – mais comportent également des risques pour cet événement mondial unique et la plateforme qu’il offre aux athlètes et aux nombreux petits pays et territoires qui y participent.
Les Jeux constituent également un instrument permettant de faire avancer l’Agenda 2030 des ODD, qui reconnaît le sport comme un « catalyseur important » du développement durable. Étant déjà une organisation neutre en carbone, le CIO utilise son influence pour encourager le Mouvement olympique dans son ensemble à agir contre le changement climatique et à rendre le monde du sport plus durable. À partir de 2030, le CIO exigera que toutes les éditions des Jeux Olympiques aient un impact positif sur le climat. L’égalité des genres est une autre priorité, comme en témoigne le fait que 49 % des athlètes de Tokyo 2020 étaient des femmes. La parité totale sera atteinte à partir de Paris 2024. Les Jeux constituent également une plateforme et une occasion de participer pour ceux qui ont fui leur pays en raison de conflits. Une équipe olympique des réfugiés formée par le CIO a participé pour la première fois aux Jeux Olympiques d’été de 2016, et le CIO entend poursuivre cette tradition lors des prochaines éditions des Jeux.
Il est un fait que le monde d’aujourd’hui est de plus en plus polarisé, avec des tensions politiques qui augmentent dans différentes régions, et qu’il est bien sûr très différent de 2015, lorsque Beijing a été choisie pour accueillir les Jeux Olympiques d’hiver. Dans ce contexte, la normalisation de l’utilisation des Jeux à des fins politiques pourrait conduire à des affrontements internationaux sans fin, diminuant potentiellement les retours positifs qu’ils procurent.
Au lieu de porter les désaccords géopolitiques sur la scène sportive, les pays devraient adopter la tradition ancienne de la « Trêve olympique » et utiliser les Jeux comme une occasion de réduire les conflits internationaux et de mettre fin aux hostilités. Pour les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Beijing 2022, cette trêve a été adoptée par consensus par l’ensemble des 193 États membres de l’Assemblée générale des Nations Unies lors de sa 76e session en décembre 2021.
Personne, y compris la famille olympique, ne doit être indifférent aux problèmes qu’endurent les nations et leurs peuples. Au contraire, nous pensons que les accusations de violations des droits de l’homme et de répression doivent être prises au sérieux et traitées de manière adéquate et complète par le biais de forums et mécanismes internationaux appropriés, en utilisant les outils adaptés à cette fin.
Les Jeux Olympiques, pour leur part, doivent continuer à contribuer à leur mission de promotion des changements que les défis mondiaux actuels exigent, sur la base des valeurs et des attitudes qui sont inculquées aux athlètes et projetées dans le monde. Renforcer et préserver les Jeux est une responsabilité internationale. Nous devons protéger la flamme olympique afin qu’elle brille toujours avec éclat. »