Tous les observateurs du mouvement olympique le savent : la réussite des Jeux ne tient pas seulement à la qualité des sites, aux prouesses de l’organisation et à la ferveur du public. La performance du pays-hôte s’invite aussi dans le débat. Les médailles font grimper les audiences. Le reste suit.
A trois jours de l’ouverture des Jeux de Pékin, les prévisions accordent à la Norvège la première place du tableau des médailles. Allemagne, Russie, Canada et Etats-Unis pourraient également rouler des mécaniques en tête de cortège.
La Chine ? Sur le papier, elle ne pèsera pas lourd. Dans son dernier classement prévisionnel, établi à un mois de l’ouverture, l’institut américain Gracenote lui promet 11 places sur le podium, dont six titres olympiques. Correct. Et même mieux, historique. Mais il en faudra plus pour transformer les Jeux de Pékin en une fierté nationale.
Les autorités sportives chinoises n’en font pas mystère : la délégation olympique vise dans les semaines à venir la meilleure performance collective de son histoire aux Jeux d’hiver. Mieux : elle ambitionne de concilier progression et éthique. En clair, rafler un nombre record de médailles, tout en restant à l’écart des affaires de dopage.
En théorie, une évidence. Mais dans la réalité, la tableau ne se révèle pas toujours aussi lumineux. Aux Jeux d’hiver de Sotchi en 2014, la Russie avait écrasé la concurrence en s’offrant 33 médailles, dont 13 en or. Elle pointait en tête au classement final des nations. Mais la révélation d’un scandale de dopage à grande échelle, organisé par l’Etat lui-même, a écorché son bilan. Les Russes ont perdu quatre médailles, dont deux en or. Surtout, l’affaire a conduit le mouvement olympique russe à une exclusion dont il n’est toujours pas sorti.
Aux Jeux de Pékin 2022, la Chine ne lorgne pas sur la première place. Elle n’envisage même pas une place sur le podium. Mais elle veut se prémunir de susciter les doutes du reste du monde par la qualité de ses résultats.
« Notre délégation vise la meilleure performance aux Jeux d’hiver, tout en s’assurant de l’absence de cas de dopage, a déclaré Ni Huizhong, le secrétaire général de la Délégation olympique chinoise d’hiver, à l’agence officielle Xinhua. Nos athlètes feront preuve de leur esprit sportif et respecteront les règles et les mesures sanitaires. »
Sur le papier, la mission confiée aux athlètes chinois s’annonce délicate. Aux Jeux de PyeongChang 2018, la Chine était présente dans 12 disciplines et 53 épreuves. Bilan : une médaille d’or, six en argent et deux en bronze. Elle s’est glissée avec discrétion à la 16ème place du classement des nations.
Pour les Jeux de Pékin, sa qualité de pays-hôte renforce ses chances. Les athlètes chinois sont engagés dans 104 des 109 épreuves du programme. En soi, une première réussite, la Chine n’ayant jamais participé à un tiers des épreuves olympiques lorsque le CIO a attribué à Pékin les Jeux d’hiver 2022.
Selon le pointage des autorités sportives chinoises, seuls la Russie (ROC), les États-Unis et la République tchèque sont engagés, en plus de la Chine, dans les 15 disciplines du programme.
La délégation chinoise comptera 176 athlètes, dont 87 femmes. Moyenne d’âge : 25,2 ans. Pas moins de 131 compétiteurs feront leurs débuts aux Jeux olympiques.
Un manque cruel d’expérience, donc. Mais la Chine a cassé sa tirelire pour compenser. Au total, 19 des 23 équipes sont entraînées par un coach étranger. En tête de liste, la légende du biathlon, le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, et Suédois Peja Lindholm, triple champion du monde de curling.
Le dopage ? Pas un sujet, selon Ni Huizhong. « Chacune de nos équipes est dotée d’un commissaire antidopage, explique le fonctionnaire chinois. Notre groupe d’experts de la lutte antidopage compte 189 personnes« .
Depuis mars 2018, les athlètes de l’équipe olympique auraient subi plus de 8.000 contrôles antidopage. Le plus testé de la délégation en aurait encaissé à lui seul le nombre respectable de 54. Impressionnant. Mais difficile à vérifier.