La nouvelle est tombée un peu avant 14 heures à Pékin. Au plus mauvais moment, pendant la conférence de presse des médaillés en danse sur glace. Elle a suscité les questions des médias aux trois couples invités sur le podium. Ils ne le méritaient pas.
Saisi dans l’affaire de la Russe Kamila Valieva, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rendu son verdict deux jours après avoir entendu les parties concernées : la jeune patineuse, seulement âgée de 15 ans, est autorisée à participer à partir du mardi 15 février à l’épreuve individuelle.
Selon un communiqué publié en début d’après-midi en heure chinoise, la commission du TAS a estimé qu’il existait « de graves problèmes de notification tardive des résultats du contrôle antidopage de l’athlète« . L’annonce du test positif de la patineuse russe est en effet intervenue après le début des Jeux de Pékin, lundi 7 février, soit six semaines après le prélèvement en Russie. L’analyse a été conduite par le laboratoire de Stockholm, la Russie n’étant pas autorisée à mener ses opérations antidopage.
Toujours selon le communiqué officiel, le TAS a jugé que le retard dans l’annonce du résultat positif a porté préjudice à Kamila Valieva, l’empêchant de se défendre légalement, alors que le retard en question n’était pas de sa faute.
Les trois juges du tribunal spécialisé ont expliqué avoir par ailleurs tenu compte des « principes fondamentaux d’équité, de proportionnalité, de préjudice irréparable et d’équilibre relatif des intérêts entre les requérants et l’athlète« . Ils ont notamment estimé qu’empêcher l’athlète de participer aux Jeux olympiques « lui causerait un préjudice irréparable dans ces circonstances. »
L’affaire est donc réglée. Au moins dans l’immédiat. Le TAS a donné raison à Kamila Valieva. La jeune athlète pourra entrer sur la glace, mardi 15 février, pour le programme court de l’épreuve féminine. La juridiction a rejeté les appels déposés par le CIO, l’AMA et l’ISU. Les trois parties réclamaient le rétablissement de la suspension provisoire de la patineuse, imposée dans un premier temps par RUSADA, puis levée par sa commission d’éthique.
Dans un premier temps, l’affaire Kamila Valieva n’ira pas plus loin. La jeune Russe peut concourir. Elle n’encourt aucune sanction, pas même un blâme. Quant au podium de l’épreuve par équipes, remportée par l’équipe du Comité olympique de la Russie (ROC) devant les Etats-Unis et le Japon, il reste lui aussi en l’état. Mais il n’est pas encore acquis que ses médailles seront distribuées avant la fin des Jeux de Pékin.
La suite, en revanche, s’annonce plus incertaine. La bataille juridique autour de la jeune patineuse pourrait prendre des semaines, voire des mois. Les Etats-Unis avaient fait savoir avant même la décision du TAS, par la voix de Travis Tygart, le directeur de l’agence américaine antidopage (USADA), qu’ils pourraient poursuivre le combat. En vertu d’une loi baptisée du nom de Rodchenkov, le lanceur d’alerte russe à l’origine du scandale de dopage en Russie, ils peuvent poursuivre toute personne accusée de dopage, y compris un étranger et hors des Etats-Unis, si un citoyen américain est concerné par l’affaire.
Dès l’annonce de la décision du TAS, le Comité olympique et paralympique américain (USOPC) a réagi par un tweet de sa directrice générale, Sarah Hirshland. L’instance se dit « déçue par le message qu’envoie cette décision« . Puis elle explique que « le combat n’est pas terminé ». L’USOPC invite le mouvement olympique à continuer à se battre pour un sport propre et éthique.
Kamila Valieva n’a pas cessé de s’entraîner, à Pékin, depuis le début de l’affaire. Elle aurait dû aborder la compétition individuelle avec le statut de favorite. Mais à seulement 15 ans, il n’est pas acquis qu’elle soit capable de rester encore solide et droite sur ses patins.