A chaque jour sa médaille pour la délégation chinoise aux Jeux d’hiver 2022. Son podium de la journée, ce mardi 15 février, a été assuré à l’heure du déjeuner. Sans attente. Le pays-hôte le doit à Eileen Gu, la plus médiatique des athlètes habillés de la tenue de l’équipe chinoise. Elle a décroché la médaille d’argent du slopestyle, derrière la Suissesse Mathilde Gremaud.
A cinq jours du baisser de rideau, la Chine pointe au sixième rang du classement des nations. Elle compte 11 médailles, dont cinq en or. A elle seule, Eileen Gu en a apporté deux, en or et en argent. Elle est en course pour une troisième, en half-pipe, dont la compétition est prévue vendredi 18 février.
Question : Eileen Gu est-elle vraiment chinoise ? Le débat ne date pas d’aujourd’hui. Il a débuté en 2019, lorsque la jeune skieuse acrobatique, née et élevée à San Francisco, en Californie, a annoncé sur les réseaux sociaux qu’elle participerait aux Jeux de Pékin 2022 sous les couleurs de la Chine. Mais il a pris plus d’épaisseur depuis le début du rendez-vous olympique et sa victoire en big air, devant la Française Tess Ledeux.
Sur les réseaux sociaux, la question de la nationalité d’Eileen Gu divise les internautes. Elle est l’une des plus discutées depuis le début des Jeux d’hiver. La jeune skieuse n’est pourtant pas la seule membre de la délégation chinoise à avouer un lien éloigné avec le pays-hôte. Une trentaine d’autres sélectionnés ne sont pas des citoyens chinois d’origine.
Régulièrement interrogée sur sa nationalité, Eileen Gu évite prudemment l’obstacle. « Je suis Américaine quand je suis aux Etats-Unis. Mais je me sens Chinoise lorsque je suis en Chine. » Facile mais imparable.
Eileen Gu a grandi en Californie d’une mère chinoise, mais elle raconte sans lassitude avoir passé quelques mois chaque année en Chine, depuis sa plus tendre enfance. Elle s’exprime en chinois en conférence de presse, mais en donnant parfois l’impression de choisir chacun de ses mots.
Selon la loi chinoise, la double nationalité est interdite. Eileen Gu aurait donc dû logiquement renoncer à son passeport américain en faisant le choix de disputer les Jeux de Pékin sous les couleurs de la Chine. Mais la réalité reste floue. La jeune femme a été interrogée à plusieurs reprises sur ce sujet aux Jeux de Pékin. Ses réponses n’ont pas tranché la question.
« J’ai toujours été très franche sur ma gratitude envers les États-Unis, en particulier envers l’équipe américaine, a expliqué Eileen Gu en donnant l’impression de réciter un texte écrit d’avance. J’ai l’impression qu’ils m’ont tellement aidé dans mon développement, ils continuent à me soutenir. Et c’est pareil pour l’équipe chinoise. Ils ont toujours été d’un grand soutien et ils m’ont beaucoup aidé. Et donc, dans ce sens, je pense que cela en dit long sur la capacité du sport à combler le fossé et à être une force d’unité. »
Une chose est sûre : l’ambiguïté sur sa citoyenneté fait largement ses affaires. Depuis sa victoire en big air, les ventes de sa combinaison de ski, un modèle de la marque chinoise Anta, ont été multipliées par 20 sur la plateforme de e-commerce JD.com. L’un de ses autres partenaires, la marque de café Luckin Coffee, a annoncé être en rupture de stock pour tous les produits à son effigie.
L’effet Eileen Gu profite également à Tiffany & Co. L’enseigne américaine est devenue très tendance sur les réseaux sociaux chinois après que la jeune femme ait dévoilé quatre bagues, identifiées comme venant de chez Tiffany, en retirant ses gants dans la zone d’arrivée du big air. Eileen Gu est également soutenue par LVMH, Estee Lauder, Victoria’s Secret et Oakley. Selon les médias chinois, ses gains auraient dépassé les 30 millions de dollars depuis le début de l’année 2021.