A quatre jours du baisser de rideau, les Jeux d’hiver de Pékin 2022 n’en sont pas encore à l’heure du bilan. Mais le CIO n’attendra pas de voir s’éteindre la flamme olympique pour entonner un chant de victoire.
L’instance olympique a profité de la conférence de presse quotidienne de ce mercredi 16 février pour sortir de ses poches un lot fourni de chiffres. Ils convergent tous vers la même conclusion : les Jeux de Pékin cartonnent. Ils s’offrent même, malgré le contexte sanitaire et l’absence d’ambiance sur les sites, une saisissante collection de records en termes de couverture télévisée, d’impact audiovisuel et d’engagements sur les réseaux sociaux.
Timo Lumme, le directeur du marketing et de la télévision au CIO, l’a assuré face aux médias : Pékin 2022 fait mieux que toutes les éditions précédentes des Jeux d’hiver en nombre d’heures de diffusion. L’instance olympique propose aux diffuseurs, via sa filiale audiovisuelle OBS (Olympic Broadcasting Services), 6.000 heures de programmes pendant l’événement. Quatre ans plus tôt, aux Jeux de PyeongChang 2018, OBS avait envoyé dans ses tuyaux le nombre déjà très respectable de 5.600 heures d’images. Toujours plus, donc. Mais le rendez-vous chinois affiche un nombre supérieur d’épreuves. La hausse n’a donc rien de vraiment exceptionnel.
Autre poussée de croissance : l’audimat. Timo Lumme ne s’est pas privé d’étaler devant les médias les chiffres les plus spectaculaires de l’événement pékinois. Il en a l’habitude. Aux Jeux de Tokyo 2020, déjà, l’exercice avait tourné à la valse aux records.
Selon les estimations du CIO, encore incomplètes, la cérémonie d’ouverture au Nid d’oiseau de Pékin, vendredi 4 février, aurait été suivie par un demi-milliard de personnes dans le monde. En Chine, la chaîne publique CCTV a annoncé que la soirée avait réalisé la meilleure audience dans le pays depuis dix ans. Elle devance les festivités du Nouvel an chinois en 2012.
Au total, les Jeux de Pékin ont déjà été suivis par 600 millions de Chinois à la télévision. Avec encore cinq jours de compétition, le chiffre augmentera encore. Atteindra-t-il le milliard ?
Ailleurs, le CIO a réussi à dénicher dans le fatras des audiences une poignée de chiffres appelés à marquer l’histoire, au moins jusqu’aux prochains Jeux. Dix millions d’Australiens ont déjà suivi au moins une fraction des Jeux de Pékin sur la chaine Seven, soit environ 40% de la population. Au Canada, plus de la moitié de la population s’est branchée à un moment ou un autre sur les programmes des Jeux d’hiver 2022. Au Japon, l’événement totalise déjà 104 millions de téléspectateurs.
Aux Etats-Unis, en revanche, les audiences patinent. NBC, diffuseur exclusif, ne fait pas mystère d’une édition olympique « difficile« . Ses dirigeants s’y attendaient, tout en espérant un miracle. La cérémonie d’ouverture, vendredi 4 février, a été la moins suivie de l’histoire pour des Jeux d’hiver.
Un chiffre en dit long sur le peu d’intérêt du public américain pour ces Jeux d’hiver où les tribunes sonnent creux et les athlètes gardent le masque : 112 millions d’Américains ont suivi le Super Bowl sur NBC, dimanche 13 février à Los Angeles, mais ils ont été seulement 24 millions à rester devant leur écran de télévision après la fin de la rencontre pour regarder les épreuves olympiques.
Question : l’explosion du streaming, et par effet domino la baisse du suivi sur les réseaux traditionnels, pousseront-elles le CIO à se tourner vers un acteur issu des nouveaux médias (Amazon, Facebook…) au moment du renouvellement de ses contrats audiovisuels ? Pour les Etats-Unis, l’accord signé avec NBCUniversal se termine après les Jeux d’été de Brisbane en 2032.
Interrogé par un journaliste d’Associated Press, Timo Lumme s’est montré évasif, mais en laissant la porte grande ouverte. « Nous lancerons un nouvel appel d’offres, a-t-il expliqué. A ce stade, il n’y a pas d’urgence. Mais, le moment venu, nous nous tournerons vers les meilleures conditions du marché. »