Qui l’eût cru ? Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, déclenchée le 24 février, un sport, ses instances et ses acteurs ouvrent la route des sanctions et de la solidarité. Un sport jusque-là plutôt connu pour évoluer sur sa propre planète, souvent à l’écart du reste du mouvement.
Face à la guerre en Ukraine, le football montre l’exemple. Ses instances se révèlent les plus promptes à agir. Surtout, ses acteurs font preuve des initiatives les plus concrètes.
Certes, le CIO a publié dès lundi 28 février une « recommandation » appelant les fédérations et organisations internationales à bannir les athlètes russes de leurs compétitions. Un geste fort, en rupture avec le sacro-saint principe de neutralité politique jusque-là brandi par l’instance olympique en toutes circonstances. Pour la grande majorité, les fédérations internationales ont suivi, bannissant les athlètes russes et biélorusses ou les acceptant seulement sous bannière neutre.
Mais la FIFA et le football vont plus loin. L’instance présidée par Gianni Infantino a exclu la Russie de la course à la qualification au Mondial 2022 au Qatar. Depuis, la volée de sanctions s’est intensifiée. Au cours des dernières vingt-quatre heures, le football a encore accéléré l’allure.
Lundi 7 mars, la FIFA a annoncé dans un communiqué l’ouverture d’une sorte de mercato exceptionnel à destination des joueurs et entraîneurs étrangers employés dans les championnats russe et ukrainien. Ils pourront voir leurs contrats « suspendus » jusqu’à la fin de la saison, et pourront ainsi librement s’engager ailleurs dès les prochaines semaines.
Dans les faits, les joueurs et étrangers étrangers actuellement en Russie auront le droit de suspendre unilatéralement leur contrat de travail jusqu’au 30 juin 2022. Ils pourront s’engager au plus tard le 7 avril dans un autre championnat. Objectif : faciliter le départ de tous ceux qui n’auront pas trouvé un accord formel avec leurs clubs. Et, par un effet domino, priver le championnats russe d’un grand nombre de ses joueurs et entraîneurs.
Une même mesure s’appliquera aux joueurs et entraîneurs étrangers employés en Ukraine. Cette fois, l’ambition de la FIFA n’est évidemment pas d’isoler le pays, mais de leur permettre de travailler et percevoir un salaire tout en protégeant les clubs ukrainiens.
Autre initiative : la Premier League anglaise. Le championnat professionnel le plus suivi dans le monde veut couper les ponts avec la Russie. Il a pris la décision de démarrer une procédure de résiliation de son contrat de diffusion des rencontres en Russie.
Selon Sky Sports et le Daily Mail, la Premier League a donné instructions à ses avocats de lancer la manoeuvre. L’annonce officielle pourrait intervenir avant la fin de la semaine.
Les droits de télévision du championnat anglais sont actuellement détenus par une société privée, Rambler, filiale de la Sberbank. Les matches sont diffusés sur une plateforme de streaming, Okko. Montant estimé : 6 millions de livres, soit environ 7,2 millions d’euros. Anecdotique pour un championnat dont les revenus issus de la diffusion à l’étranger s’élèvent à 1,3 milliard de livres par an (1,5 milliard d’euros) pour la période 2019/2022. Mais la démarche envoie un message fort.
La Premier League n’en est pas à sa première initiative contre la guerre en Ukraine depuis le début du conflit. Lors de la dernière journée du championnat, les capitaines des vingt équipes ont porté un brassard aux couleurs du drapeau ukrainien. Une minute d’applaudissement a été organisée dans tous les stades avant le coup d’envoi.
Plus inattendue, la décision du Polonais Robert Lewandowski. L’attaquant du Bayern Munich a fait savoir par la voix de son agent, Tomasz Zawislak, qu’il avait rompu son partenariat avec Huawei. Le rapport avec le conflit en Ukraine ? Le géant chinois des télécoms est accusé par plusieurs médias de collaborer avec la Russie dans son offensive militaire. Le Daily Mail, notamment, rapporte que Huawei aurait aidé la Russie à sécuriser son Internet face aux possibles attaques de hackers pro-ukrainiens.
« Toutes les prestations promotionnelles ont été suspendues de notre part« , a expliqué l’agent de Robert Lewandowski dans un communiqué. Le groupe chinois a confirmé l’information. Mais sa branche polonaise a démenti, sans surprise, les allégations du quotidien britannique.