Le discours du président du Comité international paralympique (IPC), Andrew Parsons, à la cérémonie de clôture des Jeux de Pékin 2022, dimanche 13 mars, sera-t-il censuré par la télévision chinoise ? La question ne devrait pas se poser. Elle est pourtant d’actualité.
Vendredi 4 mars, un incident d’un genre inédit s’est produit lors de la soirée d’ouverture des Jeux paralympiques de Pékin.
Invité à prononcer le discours présidentiel au Nid d’oiseau de la capitale chinoise, Andrew Parsons n’a pas éludé le sujet du contexte géopolitique. Il a évoqué directement l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.
« Le XXIe siècle est fait pour le dialogue et la diplomatie, non pour la guerre et la haine, a-t-il suggéré en s’exprimant anglais. La trêve olympique doit être respectée et observée, non violée. » Le Brésilien a ensuite exprimé ses remerciements en trois langues, avant de lancer un cri du coeur, « Paix« , les deux poings serrés (photo ci-dessus).
Plus tard, Andrew Parsons a reconnu que ce dernier mot n’était pas écrit dans son discours. « Il est venu du fond de mon âme. C’était le reflet des émotions qui m’ont habité à ce moment précis« .
L’image a fait le tour du monde. Mais, problème, la chaîne publique chinoise CCTV a mis certaines des paroles du discours du président de l’IPC en sourdine. Le présentateur en charge de la traduction du discours a proposé aux spectateurs chinois une version très édulcorée des propos d’Andrew Parsons, délestée des références à l’invasion russe en Ukraine.
Au lendemain de l’incident, l’IPC a demandé une explication officielle à CCTV. L’instance souhaitait également s’assurer qu’une même censure ne se reproduirait pas dimanche soir à la cérémonie de clôture. Mais Andrew Parsons l’a confié à l’AFP : les réponses ne sont pas encore venues. « Nous attendons toujours d’avoir leur position ou leur explication, a-t-il reconnu. Attendons d’entendre ce qu’ils ont à dire. »
A trois jours de la fin de l’événement, Andrew Parsons est également revenu devant les médias sur la double décision prise par le Conseil de l’IPC quant à la participation des athlètes russes et biélorusses. Favorable un jour, contraire le lendemain. Gênant. Mais le Brésilien insiste : « Je ne pense pas que ce revirement ait été embarrassant pour l’IPC. Nous avions pris une première décision. Puis nous avons écouté nos membres, qui nous ont dit que cela n’était pas suffisant. Ils voulaient que nous réétudions notre position à la lumière d’éléments différents. Nous avions des Jeux à organiser. C’était le plus important. Je ne regrette pas la première décision. Et je ne regrette pas la deuxième. »
A Pékin, la délégation ukrainienne a lancé un appel à la paix, jeudi 10 mars, au village des athlètes. Les vingt membres de l’équipe se sont rassemblés autour du président du comité national paralympique, Valerii Sushkevych. Ils ont déployé une bannière, « La paix pour tous« , et observé une minute de silence avant de lever les poings vers le ciel.
« Cette minute de silence est dédiée aux milliers de personnes, dont des enfants et d’autres personnes en situation de handicap, qui se trouvent toujours en Ukraine, a expliqué Valerii Sushkevych. Si l’humanité est civilisée, alors cette guerre doit être arrêtée. Les gens, les femmes et les enfants méritent de vivre, pas de mourir. »
Selon l’entraîneur en chef de la délégation ukrainienne, Andriy Nesterenko, sept membres de l’équipe paralympique présents aux Jeux de Pékin vivent à Kharkiv, une ville assiégée par les forces russes. « Les Russes ont bombardé de nombreux hôpitaux et écoles, a-t-il expliqué. Nous avons besoin de votre soutien aujourd’hui, pas plus tard. »